Bilan n Outre les 4 800 délinquants mineurs arrêtés, ils sont pas moins de 1 615 enfants en danger moral à avoir été interpellés au premier trimestre 2010. Parmi eux, 585 filles présentes dans des endroits malsains. La délinquance juvénile enregistre des chiffres de plus en plus alarmants. En effet, les experts en la matière appellent toute la société civile : Etat, mouvement associatif, cellule familiale, voisinage, à bannir la passivité et la démission citoyenne face à ce fléau en pleine expansion qui touche nos enfants. L'esprit d'aventure, la démission des parents, l'oisiveté, la pauvreté, les mauvaises fréquentations sont des facteurs déterminants dans le choix de l'enfant de quitter le domicile familial ou de commettre une infraction. Autant de facteurs auxquels viennent se greffer d'autres éléments qui émaillent la trajectoire de vie de ces délinquants mineurs. Outre le manque de communication au sein des familles et l'absence de repères, la décennie noire et la conjoncture économique difficile qui s'en sont suivies n'ont fait qu'aggraver les choses. «La violence est omniprésente... Et il est primordial d'impliquer toute la société pour affronter ce phénomène destructeur», affirme Kheira Messaoudène, commissaire divisionnaire et chef du bureau de la protection de la délinquance juvénile et de la violence. «Nous sommes tous responsables de la sauvegarde de nos enfants, qui ont besoin d'une culture de la paix et de la tolérance, pour arriver à effacer les affres de la décennie noire qu'a connues notre pays», poursuit Mme Messaoudène, qui préconise une «stratégie globale avec les différents secteurs pour endiguer ce fléau». Contrairement à ce qu'on peut imaginer, le délinquant mineur n'«est pas forcément issu d'un milieu défavorisé. Le phénomène s'est élargi à toutes les couches sociales. La pauvreté n'est plus un facteur déterminant», assure-t-elle. Les proportions alarmantes que prend ce fléau poussent indubitablement à se poser la question de savoir quel traitement judiciaire est réservé aux mineurs impliqués dans de multiples infractions. On relève, d'une part, une déficience en matière de prévention et, d'autre part, un vide juridique en la matière. Cette carence contraint les juges à faire comparaître des enfants en justice. Pour les services de police, «la justice favorise dans ces cas la réinsertion sociale, qui consiste à solliciter la mobilisation des ressources de la famille et de la communauté, principalement à travers des services de proximité». Ainsi, 90% des mineurs arrêtés pour délit sont remis à leurs parents, apprend-on auprès de notre interlocutrice, Mme Messaoudène. Un service d'orientation et d'éducation en milieu ouvert est chargé à cet effet du suivi de l'enfant. Un rapport périodique sur la situation de ce dernier sera rendu au juge des mineurs. La nouvelle législation proposée dans ce cadre «vise à rediriger l'enfance du système judiciaire pénal vers un système de réforme orienté sur l'éducation», a, par ailleurs, indiqué le directeur général du département prisons, Mokhtar Felioune. La nouveauté de ce projet de loi vise à «améliorer la justice pour les mineurs, de préférer la protection à la poursuite, en instaurant l'irresponsabilité pénale du mineur de moins de 10 ans», a-t-il affirmé.