Jamais l'idée d'un Maghreb des nations n'a été aussi forte que depuis ces deux dernières décennies, durant lesquelles, justement, la perspective d'un ensemble économique maghrébin compact et soudé autour d'enjeux communs liés à la mondialisation, fut très loin des esprits et autant des espaces où traditionnellement se préparait, bien que timidement, l'avenir d'un Maghreb uni. Paradoxalement, le contexte de l'économie mondialisée, l'émergence, à travers le monde, d'ensembles économiques régionaux, la suprématie de l'économie de marché aux dépens des modèles de gestion socialiste, semblent pointer la nécessité historique, pour les pays du Maghreb, d'emprunter la voie de l'union économique, car même si l'on tente d'ignorer les manques à gagner pour ces pays du Maghreb en termes de bénéfices économiques de l'union, la perspective des défis du même ordre que cette région devrait devoir gérer de plus en plus du fait de la mondialisation, ne plaide pas pour une gestion en solitaire de la part de chaque pays maghrébin. Si l'erreur déjà consommée d'aller vers l'Union européenne séparément a démontré, aux trois pays sans exception, les coûts économiques induits par de tels choix, il n'en demeure pas moins que cette erreur avérée, constatée et éprouvée comme une leçon historique, devrait servir de motivation supplémentaire pour promouvoir, davantage encore, l'idée de l'union maghrébine qui, loin d'être une simple vision, est assise sur une réalité économique au potentiel formidable, qui profiterait immédiatement aux pays du Maghreb en termes de création d'emplois, de croissance économique, de développement, et d'échanges complémentaires en matière d'acquis humains, technologiques et scientifiques. A quantifier la qualité des apports d'une union maghrébine, on se retrouve à inventorier des atouts et des bénéfices qui pourraient changer le visage économique de l'ensemble des régions maghrébines, sans oublier l'effet de polarisation que cette union produirait sur cette région de la part des opérateurs économiques du monde entier, spécialement ceux de la zone méditerranéenne, dont les investissements, en quête d'une zone de forte croissance, iraient en grande partie vers ce Maghreb uni qui se trouverait être aussi, du fait des accords d'association, une entité économiquement bien intégrée à l'UE. Quoi qu'il en soit, le Maghreb uni est là, en puissance, pointant la nécessité d'être comme une évidence historique et la condition sine qua non pour un décollage économique de la région. Son avènement, promis pour un avenir dont il est certain qu'il ne sera pas florissant sans lui, est une nécessité à laquelle tout le monde croit, que tout le monde attend. Mais alors, qui s'y oppose ?