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La mondialisation de l'intolérance
Publié dans L'Expression le 29 - 03 - 2007

En ce début du XXIème siècle, pour certains, la raison du plus fort est encore la meilleure.
Le dialogue entre les Nations, le droit comme référence commune, les voies diplomatiques comme moyen de règlement des litiges et différends, tout cela semble, de plus en plus, remis en cause. C'est la loi du plus fort et l'intolérance qui dominent. En ce début du XXIeme siècle, pour certains, la raison du plus fort, est encore la meilleure. Les relations internationales sont si peu démocratiques, cela est inquiétant. La mondialisation est celle de l'intolérance, de l'insécurité et des injustices: l'humanité est soucieuse et inquiète, malgré les progrès scientifiques, les acquis politiques, économiques et sociaux et les aspirations des peuples.
De surcroît, du fait des retards des pays de la rive Sud en matière démocratique, et la politique inique du deux poids, deux mesures pratiquée par des grandes puissances, ces pays sont, de nouveau, face aux risques de se retrouver sous des formes inédites de «recolonisation», et en voie de sous-développement. Ils sont face aux incertitudes et plusieurs fois sanctionnés. Inutile de se cacher la face. En même temps, il faut pourtant sortir du sentiment de la communauté assiégée, désespérée et victime des «autres», d'où l'impératif de l'autocritique, de l'éveil et du dialogue.
L'humanité est en crise et le dialogue est si faiblement pratiqué. Aujourd'hui, le dialogue des cultures entre les peuples devrait avoir pour but, premièrement de rappeler des vérités occultées, pour tenter de créer une nouvelle civilisation. Au regard du passé, ou des fondements, musulmans, juifs, chrétiens, croyants ou agnostiques, sont tous culturellement fils d'Abraham.
De surcroît, les croyants, proprement dits, sont théoriquement tournés vers le Dieu Unique qui a parlé aux hommes à travers ses prophètes, comme source de leurs comportements. D'emblée, il faut insister que le socle commun est plus important que les différences, qu'il y a lieu de l'assumer comme richesse et non comme supériorité.
Esprit de partage
Nul n'a le monopole de la vérité, même si chacun, naturellement, croit détenir la dimension parfaite. Il faut comprendre que l'autre à une part de vérité, nul ne possède la vérité pour lui seul. L'Islam est méconnu, il a été depuis toujours injustement caricaturé, perçu comme un hérétique. Pourtant, il s'inscrit dans l'ouverture. Comme dit Ibn Arabi et après lui, l'Emir Abd El Kader: «Mon coeur est apte à recevoir tous les êtres».
Cet esprit de partage s'exprime, heureusement, aussi parfois chez des penseurs juifs de Maimonide à Rosenzweig et Levinas, qui nous disent chacun à sa manière: «Nous savons que c'est l'essence de la vérité d'être en partage». Sans oublier nombre de chrétiens, de St François d'Assise à Louis Massignon et Paul Ricoeur qui déclarent aussi que les fils d'Abraham doivent avoir en partage l'hospitalité sacrée.
Mais les discours dominants en Occident refusent le droit à la différence. Pourtant, Européens et Maghrébins, Méditerranéens, ou êtres de contrées lointaines, croyants ou incroyants, ce sont tous des êtres humains pris dans le même mouvement du monde et face aux mêmes et multiples défis. S'allier face aux défis communs est une nécessité. Certains qui ont l'occasion de rencontrer l'autre, finiront par le comprendre, avant qu'il ne soit trop tard, car ce sera la paix pour tous, ou l'insécurité pour tous. Tout est imbriqué. Le devenir est commun. Aucune barrière et frontière ne peuvent tenir dans le cadre de la préoccupante mondialisation.
Le dénominateur commun est la raison. Sans le savoir et la connaissance, dans la justice, point d'avenir. Il est requis de chacun, en être raisonnable, de dialoguer, pour apprendre à vivre ensemble, au sein de notre espace commun, la Méditerranée et au-delà. Le vécu, la présence de l'autre sont déjà là, la diversité du monde et de la société sont une réalité, apprendre à harmoniser l'unité et la pluralité, à leur donner un sens et une direction d'avenir, est une de nos tâches. Rien, y compris pour un musulman, ne devrait empêcher de vivre dans une société séculière, moderne et plurielle. L'aptitude à respecter la différence et à assumer le multiculturel est une qualité que tous les individus et toutes les sociétés ont pour devoir de préserver.
D'ailleurs, ce principe universel, est aussi coranique. Reste à comprendre, que la logique de l'existence dicte le fait que les objectifs se réalisent dans le cadre d'un rapport de force favorable, à tout le moins équilibré. Il faut donc y oeuvrer concrètement, par la créativité, la participation du plus grand nombre et le sens de l'ouverture, même si nous y sommes loin, il n'est jamais trop tard. Quelles élites avons-nous formées pour ces nouveaux et difficiles défis? De plus, les élites ou ce qui en reste, sont-elles assez conscientes que notre crédibilité est malmenée tant sur le plan interne qu'externe? Malgré ce que disent nos références respectives, notre histoire et notre socle commun, trop d'amnésies, d'oublis, de partis pris, en Occident, barrent la route du développement en rive Sud et du vivre ensemble avec la rive Nord.
Des tentations du repli ou de la dissolution, déforment l'image des cultures du Sud. L'actualité interpelle, en effet, nous sommes, de toutes parts, à notre époque, dans la désinformation, le recul, l'intolérance, la stigmatisation et la violence sous toutes ses formes, que certains affichent sans honte.
L'absence de dialogue, l'ignorance et les injustices sont parmi les causes de ces dérives. Comment se reformer et sortir des impasses des sociétés de la rive Sud?
Certains, à juste titre, prônent la sécularisation, d'autres le retour aux valeurs anciennes, d'autres encore de donner la priorité absolue à la démocratie. Une partie de l'opinion publique considère, de son côté, que la faiblesse de l'autorité de l'Etat est le grand problème, se sentant comme abandonnée, livrée à l'insécurité existentielle, pas seulement économique. Les mouvements qui usurpent le nom de l'Islam et exploitent le religieux dans le champ politique sont dopés par cette situation d'absence de dialogue et d'injustices.
Le terrorisme des faibles, les actions des désespérés palestiniens de par la répression sanglante et par l'absence de perspectives, les actes suicidaires et interconfessionnels en Irak, de par l'occupation sauvage, les pratiques rétrogrades de la religion de plus en plus visibles dans le monde musulman, ou au contraire le mimétisme aveugle de l'Occident par certaines couches des populations du Sud dépersonnalisées, les pratiques archaïques du politique dans la plupart des pays arabes tout cela est instrumentalisé et nuit aux Musulmans. L'image des musulmans est déformée.
Menace sur la paix
Dans le domaine mondial, le terrorisme des puissants qui occupent et répriment brutalement d'autres peuples, le racisme, la xénophobie, l'égoïsme, l'arrogance, les amalgames, la politique du deux poids, deux mesures, et les contradictions de la mondialisation et du désordre mondial, sécrétés par des puissances occidentales, agressent gravement, et déforment la figure de la modernité. Les injustices, d'un côté, les réactions irrationnelles, de l'autre, ont mis en scène une tragédie planétaire de l'intolérance et de la peur, mauvaise conseillère.
La paix est menacée principalement par les racistes prédateurs et islamophobes et secondairement par le fanatisme et l'ignorance. Il serait temps d'arrêter la spirale de ces diversions et de travailler au développement économique moderne et au rapprochement, que la majorité des gens de partout souhaite. On ne sera jamais de trop, car les extrémistes, de tout bord, sont plus influents que les êtres de paix. C'est aux pyromanes que certains médias occidentaux, mais aussi certains médias arabes, offrent le plus leurs tribunes. D'où l'importance de redoubler d'efforts dans le domaine de l'information, du dialogue et de l'éducation.
L'éducation, l'information et les discours dominants ont délaissé le socle commun; l'on a vu restreindre l'étude de la culture de l'autre. Alors que l'Occident classique a été judéo-islamo-chrétien et gréco-arabe, on a fait croire qu'il n'a été que gréco-romain et judéo-chrétien. Les fils d'Abraham tombent parfois dans le piège de la confrontation. «Le grand affrontement», «guerre mondiale religieuse», «choc des civilisations» et tant d'autres slogans négatifs, à desseins alarmistes, choquants et provocateurs, sont à bannir. Un de leurs buts est de faire diversion aux problèmes politiques.
Car l'approche est si peu conforme à la réalité des peuples et des religions monothéistes, malgré les heurts du passé et les fracas de l'actualité. Si l'on sait parler haut et vrai, aucune polémique ne peut défigurer les principes des civilisations. Les problèmes de fond auxquels font face tous les peuples sont nombreux et complexes, ils se posent tous en même temps, politiques, économiques et culturels, d'où l'importance de dialoguer. De plus, par-delà les graves problèmes d'urgences politiques, de démocratisation des relations internationales, de décolonisation au Moyen-Orient, et les préoccupants écarts économiques et sociaux entre les deux rives de la Méditerranée et dans les banlieues d'Europe, devraient aussi retenir l'attention commune sur le fait majeur que l'humanité est exposée à la déshumanisation. Les valeurs morales, humanistes et monothéistes, abrahamiques et universelles, bien comprises, influent de moins en moins le cours de la vie, malgré le pseudo-retour du religieux et la légitime quête de sens. La morale est comme sortie de la vie. La sécularité, la non-confusion entre le religieux et le politique, est un acquis universel à mettre en oeuvre et à préserver. Mais la perte des valeurs morales et la marchandisation du monde posent des problèmes de fond, pour tous, croyants ou incroyants. Le risque de déshumanisation et la perte de sens sont des traits de notre époque. Les êtres humains attachés au sens et à la justice ont pour tâche de repenser ensemble un nouveau rapport au monde, un nouveau rapport à l'autre, fondés sur l'ouverture et des valeurs morales universelles, et non pas tomber dans le piège de combats d'arrière-gardes et de polémiques stériles.
Dans ce cadre, certains étrangers non-musulmans se demandent si l'Islam favorise vraiment le dialogue, la tolérance, la sécularité, le respect de la différence, la coexistence et l'alliance avec des non-musulmans? Il y a lieu de répondre que le mouvement se prouve en marchant. Depuis 15 siècles, la majorité des musulmans répond par l'affirmative.
Ce n'est pas seulement l'affirmation théorique d'idéalistes, ou le plaidoyer de croyants utopiques, c'est une réalité, quelles que soient les contradictions de l'actualité et les agitations d'une minorité. La civilisation arabo-amazighe au Maghreb, pour ne citer que cette région modèle, même si elle se présente comme dépassement des religions anciennes, avec force et clarté, a pratiqué le principe de «Dialogue avec eux de la meilleure façon».
Cette parole ne signifie pas seulement de la bonne manière, mais de la meilleure manière. Même si cet aspect ne semble pas assez visible, l'immense majorité des citoyens musulmans, en fidélité à leurs sources, s'opposent à ceux d'entre eux qui pratiquent l'intolérance ou, pire, la violence aveugle, et trahissent, par-là, et la lettre et l'esprit de leurs références. La vérité ne peut convaincre que par la force propre à la vérité.
Sans nostalgie, il faut apprendre aux nouvelles générations à retrouver dans la vigilance le sens de l'ouvert, le chemin du comment vivre dans la mondialité, l'universel, que la mondialisation de l'intolérance vient contrarier. Retrouver, sans naïveté, une «Andalousie» autour de la Méditerranée, accueillir l'autre, l'amener au dialogue n'est pas impossible. L'Algérie au carrefour du monde de par son histoire et ses potentialités, est capable de donner l'exemple, de montrer le chemin.
Site www.mustaphacherif.com


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