La visite de Belkhadem au Maroc, la semaine prochaine, pourrait déboucher sur la tenue du Sommet de l'UMA. Devant l'impasse qui caractérise le processus d'édification de l'Union maghrébine, qui a tout l'air d'une entité géopolitique creuse, face à la tendance mondiale à la constitution des ensembles régionaux, il est vital de réfléchir à des mécanismes à même de réanimer l'UMA, en dehors des circuits officiels, trop marqués par la problématique du Sahara occidental. C'est précisément dans cette optique que l'espace maghrébin, cette ONG qui regroupe des personnalités algériennes, marocaines, tunisiennes, libyennes, mauritaniennes, organise, depuis lundi dernier à Rabat, un colloque sur les professionnels des médias de ces pays. Première du genre, cette manifestation qui réunit quelque 60 journalistes, responsables de publications et syndicalistes, vise à créer des liens de coopération et à favoriser un échange d'idées et d'expériences. C'est aussi une astuce bien subtile de contourner la vision officielle de l'Union maghrébine dont la construction effective bute sur ce mur quasi infranchissable qu'est le conflit sahraoui. Ce colloque, qui s'étale sur trois jours, se propose d'être un espace de libre débat, animé par des journalistes autour du thème générique de l'Union du Maghreb. Que peuvent faire les médias de la région pour contribuer à la réalisation de cet objectif ? C'est l'une des questions cardinales que se posent les séminaristes, convaincus que cette union que les politiques n'arrivent pas à concrétiser peut se faire par le pouvoir des médias. “Ce n'est pas un rêve, c'est une nécessité !” clamait haut et fort le représentant marocain au sein de l'organisation “Espace maghrébin” qui affirme à juste titre que la société civile de la région est dans une “salle d'attente”, épiant la construction de cet ensemble que rien, absolument rien ne sépare, sinon les contingences politiques. Pour lui, il est grand temps que la société civile des pays du Maghreb s'implique et s'engage dans le processus de relance de l'UMA, au risque de subir les contrecoups de la mondialisation. C'est dire que ce regroupement des journalistes du Maghreb est éminemment stratégique en ce qu'il tend à réussir là où les hommes politiques des quatres pays ont lamentablement échoué : donner naissance à une véritable union, aussi soudée, sinon plus que l'Union européenne. Le constat est alarmant : SOS, l'union maghrébine en détresse ! est, en quelque sorte, le message fort de ce colloque qui a choisi d'interpeller les consciences avant d'exhorter le bon vouloir des gouvernements et des hommes politiques. C'est pourquoi les organisateurs ont préféré le slogan : “La conscience maghrébine” comme pour tirer la sonnette d'alarme face à la léthargie qui étouffe l'essor de cette entité territoriale, laquelle dispose de tous les atouts pour réussir son intégration, mais reste prisonnière des considérations historiques et politiques. Ce colloque des professionnels des médias est incontestablement un jalon important dans la voie de l'édification du Grand Maghreb, en ce sens qu'il offre l'occasion à un pan décisif de la société civile de la région de renforcer ses liens et d'unir sa vision en vue de déblayer le terrain aux gouvernements de ces pays pour sceller les retrouvailles dans tous les domaines. Le ministre de la Communication du Maroc n'a d'ailleurs pas manqué de souligner que cette manifestation est de nature à encourager les pouvoirs politiques à prendre des initiatives dans le sens du renforcement de l'Union maghrébine. Il n'est, en effet, pas fortuit que ce colloque ait regroupé un panel d'ambassadeurs de tous les pays du Maghreb ainsi que quelques ministres du gouvernement marocain, tels ceux de la Communication, de la Justice et du Commerce. Ici, on pense même que cette manifestation servira de répétition catalyseur à une reprise des travaux de l'UMA, gelés depuis longtemps déjà. À ce titre, certaines indiscrétions font même état d'un déblocage de la situation entre Rabat et Alger. Selon elles, le fameux sommet tant attendu de l'UMA pourrait très probablement se tenir dans les semaines à venir. Ici, la visite du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, prévue pour la semaine prochaine, focalise déjà l'attention. Et les participants nourrissent un espoir que cette visite officielle serve de prélude à un réchauffement des relations entre l'Algérie et le Maroc. En attendant, les journalistes ont décidé d'apporter leur pierre à l'édifice du Grand Maghreb. H. M.