Faut-il encore revenir sur les rendez-vous ratés pour l'ensemble maghrébin, pour donner à voir ce que le Maghreb gagnerait à être un ensemble économique uni et solidaire ? On ne peut en effet s'empêcher de penser que les pays maghrébins auraient pu y aller, avant de lier leurs destinées respectives à celle de l'Europe unie, en tant que communauté économique maghrébine soudée et compacte, avec les mêmes aspirations, les mêmes attentes et les mêmes conditions. Cela surtout qu'effectivement, ces dernières, sans devoir réellement faire l'objet d'une profonde concertation entre ces pays, sont pratiquement les mêmes où que l'on soit dans la sphère géographique maghrébine. Sans qu'il y ait besoin de brandir le fonds commun qui justifie, des points de vue historique, religieux, linguistique, culturel et humain, une union maghrébine, celle-ci n'a besoin, pour se soutenir en tant que projet et non comme mythe inaccessible, que des raisons économiques, à elles seules suffisantes pour fonder l'avènement d'un Maghreb économique uni, en mesure de créer une synergie intermaghrébine, la seule à même, sinon susceptible de hisser cette région au rang de zone économique émergente, du moins de la prémunir, un tant soit peu, du choc de la mondialisation dont elle subit toutes les phases d'évolution. Concrètement, que peut le Maghreb uni ? Une industrie maghrébine intégrée horizontalement, qui favorise une complémentarité en matière d'approvisionnement en intrants, en matière première, en main d'œuvre qualifiée, en énergie, en réseaux de sous-traitance, en échange d'expertise, avec l'avantage formidable d'une hétérogénéité des environnements économiques spécifiques aux trois pays. Le Maghreb peut encore plus. Un marché fort de 100 millions de consommateurs qui soit source, à la fois de l'offre et de la demande, avec l'opportunité de débouchés certains pour les produits des uns et des autres dans les marchés des uns et des autres, dans le cadre d'une préférence maghrébine, qu'il s'agisse d'attribution de marchés, ou de contrats commerciaux. Ce Maghreb uni est également en mesure de développer des facultés imprévisibles à la compétition internationale grâce à la complémentarité entre les savoir-faire conjugués, à l'effet d'optimisation des coûts de production et donc aussi des prix à la vente. Grâce certainement aussi à la facilité qu'il aurait à s'ouvrir une voie toute tracée vers le Moyen-Orient et vers le reste des pays africains. Cela ne représente que la partie émergée des atouts d'un Maghreb économiquement uni auxquels il faudra ajouter la somme formidable des bénéfices humains et sociaux que le Maghreb des nations, alors enfin concrétisé, pourrait récolter d'une telle union. Pour le moment, on ne peut que faire le bilan des manques à gagner liés à cette désunion qui n'a que trop duré.