La violence djihadiste en Tunisie, exacerbée par les affrontements entres les militants salafistes et les forces de l'ordre, prend de l'ampleur. Au lendemain de l'attaque qui a visé, mardi, deux postes de la garde nationale à Manouba, dans la banlieue de Tunis, faisant deux morts parmi les islamistes selon plusieurs médias tunisiens, le président Moncef Marzouki a prolongé de trois mois (jusqu'en janvier 2013) l'état d'urgence, en vigueur depuis la chute de l'ancien régime. Signe d'une détérioration des conditions de sécurité, cette nouvelle mesure n'est pas pour aider le pays à mener à bon port la période transitoire, gravement menacée par la montée en flèche de l'islam radical. Enième démonstration de force : un imam salafiste, Nasreddine Aloui, de la mosquée Ennour de Manouba, a appelé les jeunes Tunisiens à préparer leurs « linceuls » pour lutter contre les islamistes d'Ennahda au pouvoir lors d'une émission télévisée. Tandis que les militants salafistes jurent de venger leurs victimes, faisant fi des mises en garde du gouvernement qui s'est dit « prêt à recourir à tous les moyens » pour mettre fin à la protestation, des représentants de différents services de sécurité se sont rassemblés, jeudi, devant le siège du ministère de l'Intérieur pour dénoncer les agressions répétées commises contre les leurs. Quelque 600 agents de l'ordre ont été la cible, durant les trois derniers mois, dans différentes régions de la Tunisie, d'agressions violentes aux cocktails Molotov ou à l'arme blanche. Le syndicat des forces de sécurité a appelé le gouvernement et le parlement à classer le volet sécuritaire parmi les dossiers prioritaires dans le but de régler cette situation et d'« imposer le respect de la loi à tous ». La réponse de l'exécutif n'a pas tardé. Le ministre de l'Intérieur, Ali Laaridh, a réaffirmé sa détermination à poursuivre les groupes salafistes qui tentent de « se substituer à l'Etat ». Des instructions « claires et fermes » ont été données, selon lui, aux forces de sécurité pour « défendre avec force » les postes de police en cas d'attaque ou tentative de délester les agents de l'ordre de leurs armes. Même détermination manifestée par la classe politique, l'opposition en tête, qui appelle à « réprimer » les auteurs de ces actes et à « criminaliser » les incitateurs. L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) exige, elle, l'ouverture d'une enquête « large et indépendante ».