La tension pourrait monter d'un cran, aujourd'hui, au Koweït, la première monarchie du Golfe à s'être dotée d'un Parlement élu en 1962. L'émirat, qui a placé, hier, ses forces de sécurité en état d'alerte, pourrait faire appel à l'armée pour empêcher une manifestation de l'opposition. Objet de la controverse : un amendement de la loi électorale. Le ministère de l'Intérieur, qui a répété, ces derniers jours, qu'il empêcherait toute nouvelle manifestation non autorisée, n'exclut pas d'utiliser la force contre les manifestations. « L'armée et la garde nationales peuvent être appelées à la rescousse en cas de besoin pour faire face à toute atteinte à l'ordre public », rapporte le quotidien Al-Anbaa, citant un responsable des services de sécurité. L'opposition ne désarme pas. Tout en condamnant « la répression barbare » et appelant le gouvernement à « mettre un terme à ses pratiques oppressives et policières sans précédent », elle appelle dans un communiqué, signé par 11 organisations politiques à une manifestation pacifiste à Koweït City pour protester contre un amendement de la loi électorale, approuvé le 19 octobre par l'émir Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah. Cet amendement pourrait, dit-elle, favoriser une manipulation des résultats des élections anticipées, convoquées pour le 1er décembre. Menées par Nabil al-Awadhi, un dignitaire religieux, des figures de l'opposition ont appelé, vendredi soir, le gouvernement à retirer l'amendement contesté pour désamorcer la crise et réaffirmé leur loyauté à l'émir et à la famille des Al-Sabah. Mercredi, la police avait fait usage de grenades et de gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de personnes qui manifestaient pour réclamer la libération d'un chef de l'opposition, Mussallam al-Barrak, arrêté lundi. Accusé d'avoir nui au statut de l'émir lors d'un rassemblement public, le 15 octobre, il a été libéré, jeudi, contre une caution de 35.600 dollars dans l'attente de son procès. La police indique dans un communiqué que cinq de ses éléments ont été blessés après avoir été heurtés par deux véhicules, dont l'un portait « une plaque d'immatriculation étrangère ». En novembre dernier, le premier ministre, Cheikh Nasser al-Mohammad al-Sabah a démissionné, suite aux pressions des parlementaires réclamant une lutte contre la corruption. Un nouveau parlement fut élu deux mois plus tard, dominé par une opposition constituée d'islamistes, de nationalistes et de libéraux. La Cour constitutionnelle le déclara illégitime et le dissout. De nombreuses manifestations s'ensuivirent. Comme au Bahrein, les citoyens réclament des réformes constitutionnelles.