L'émir du Koweït a affirmé que la prise d'assaut du Parlement par des manifestants mercredi était une «journée noire» dans l'histoire du pays et affirmé qu'il ne limogerait pas le Premier ministre comme le réclame l'opposition. «Ce qui s'est produit était anormal (...) Le jour où des députés (et des manifestants) sont entrés de force au Parlement était une journée noire pour nous», a déclaré l'émir, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, lors d'un entretien avec les rédacteurs en chef des journaux locaux publié lundi. Des milliers de personnes réclamant la démission du Premier ministre, membre de la famille régnante des Al Sabah, accompagné par des députés de l'opposition, avaient pénétré de force mercredi soir au siège du Parlement, après des heurts avec la police. «Conformément à la Constitution, je peux nommer et limoger le Premier ministre (...) Mais même si j'avais l'intention de lui demander de démissionner, je ne le ferais pas sous la pression de ces gens», a encore dit l'émir, cité par le quotidien al-Jarida. Il a ajouté qu'une quarantaine de personnes, dont des députés, avaient été déférés devant la justice après cet incident. La manifestation avait été organisée à l'appel de l'opposition pour réclamer le limogeage du Premier ministre, cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad Al-Sabah, un neveu de l'émir, et la dissolution du Parlement, en raison d'un scandale de corruption. Selon la presse, des députés pro-gouvernementaux ont reçu des centaines de millions de dollars de pots-de-vin. La révélation de ce scandale a entraîné une forte mobilisation de l'opposition contre le gouvernement. Cheikh Nasser, 71 ans, désigné Premier ministre en février 2006, a survécu à plusieurs votes de défiance au Parlement, dissous à trois reprises durant la même période.