La cour constitutionnelle koweïtienne a déclaré hier illégal le Parlement, élu en février et dominé par l'opposition, et rétabli la chambre précédente, augurant d'une nouvelle crise dans cet émirat pétrolier du nord du Golfe. «La cour constitutionnelle déclare que le décret de l'émir convoquant l'élection en 2012 est inconstitutionnel et ordonne de rétablir l'assemblée précédente», a annoncé l'agence officielle Kuna. L'avocat Yacoub al-Sane, qui a introduit la requête devant la cour constitutionnelle, a confirmé l'avis de la plus haute juridiction koweïtienne. Les jugements de cette cour sont sans appel. Un député de l'opposition, Mussallam al-Barrak, a qualifié le jugement de «coup porté à la Constitution» et appelé ses camarades à y faire face. Le jugement intervient deux jours après la suspension par décret par l'émir, cheikh Sabah al-Ahmed Al-Sabah, de la session du Parlement pour une période d'un mois, dans une tentative apparente de calmer les tensions entre l'exécutif et le législatif. La tension est vive entre le Parlement et le gouvernement, où les postes clés sont aux mains des membres de la dynastie Al-Sabah. En décembre 2011, l'émir avait dissous par décret le Parlement pour la quatrième fois en moins de six ans, à la suite de protestations sans précédent dans le pays contre l'exécutif accusé d'incompétence, voire de corruption, et des législatives anticipées se sont tenues en février. Me Sane a précisé avoir saisi la Cour constitutionnelle à la demande d'un ex-député et ancien membre du gouvernement Ali al-Rached et que la haute juridiction a trouvé que la formation du dernier cabinet n'était pas légale. Après la démission en novembre 2011 du Premier ministre, l'émir avait chargé cheikh Jaber Moubaral Al-Sabah de former un nouveau cabinet. Or celui-ci a gardé les mêmes ministres, ce qui est contre la Constitution. Membre de l'Opep, le Koweït, la première monarchie du Golfe à avoir un Parlement élu, connaît des crises politiques à répétition depuis 2006, attribuées aux luttes de pouvoir au sein de la famille princière des Al-Sabah qui règne depuis plus de 250 ans. Le gouvernement a démissionné à sept reprises et le Parlement a été dissous quatre fois en 2006, 2008, 2009 et fin 2011.