En présence des moudjahidine venus nombreux, Mohamed Saïd Mazouzi, 88 ans, a exprimé sa joie d'être honoré par les siens qui l'ont qualifié de « l'homme propre ». En présence de Redha Malek, Ali Haroun, Lamine Khane, Mustapha Fettal et bien d'autres moudjahidine, il a appelé les jeunes à bien connaître leur pays et les grands sacrifices consentis pour que l'Algérie recouvre la liberté et l'indépendance. « C'est à l'Etat aussi d'inculquer aux jeunes l'amour de la nation pour leur éviter de devenir des harraga », estime-t-il. Pour l'ex-ministre du Travail et des Affaires sociales sous Boumediene, l'Algérie a tous les atouts pour devenir un des grands pays de la planète, « mais il est dommage que les élites algériennes qui sortent de nos universités font les beaux jours des pays occidentaux ». Dans son hommage à celui qui a passé 17 ans de sa vie en prison, Ali Haroun a tenu à dire que « si l'Afrique est fière de Mandela pour sa résistance, l'Algérie est également fière de la résistance de Mohamed Saïd Mazouzi ». Pour sa part, Redha Malek l'a qualifié de symbole de la résistance « qui ne connaît pas le profil bas ». « C'est un nationaliste de la première heure et son nationalisme est né de l'amour du peuple et de la justice sociale », a-t-il souligné. Mustapha Fettal a, quant à lui, proposé d'ériger une stèle en l'honneur de ce « symbole vivant de la résistance ». L'historien Mohamed Abbas a décrit le parcours du militant qui avait adhéré au PPA, et commencé aussitôt à organiser les cellules du Parti. Suite à un attentat perpétré contre le bachagha Aït Ali, Mohamed Saïd Mazouzi est arrêté le 15 septembre 1945 avec d'autres militants. Le 9 novembre de la même année, il est inculpé pour complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat et écroué à la prison de Barberousse. Après une longue procédure judiciaire, il sera rejugé en 1955 par le tribunal d'Alger. Sentence : perpétuité. En 1956, il est transféré à la prison de l'ex-El Asnam. Il est de nouveau pensionnaire de la prisond'El Harrach, en 1959 jusqu'en 1962, passant au total 17 ans dans les geôles coloniales. « En lui demandant pourquoi tous les pensionnaires de la prison d'El-Harrach étaient libérés sauf lui, il répondit que son sort est lié a celui de l'Algérie », a tenu à témoigner un moudjahid qui avait partagé avec lui la même cellule.