La société algérienne de médecine vétérinaire dont le nouveau bureau a été récemment installé a organisé, hier, à Blida une première rencontre afin de débattre des problèmes de la corporation. Plus de cinquante praticiens venus de Tizi Ouzou, Chlef, Alger et Bejaia ont exposé les difficultés qu'ils rencontrent au quotidien dans leur fonction. Les participants ont notamment mis en exergue le nombre important de vétérinaires qui sortent chaque année des six instituts et de l'école supérieure des vétérinaires sans une formation de qualité et sans horizon de pouvoir trouver du travail. Plus de 12 000 vétérinaires sont au chômage depuis des années et certains d'entre eux se sont carrément reconvertis dans d'autres professions faute de travail. « Il est inconcevable de continuer à former autant de vétérinaires sans qu'on leur assure non seulement un travail mais aussi une bonne formation. D'ailleurs, on constate qu'il y a trop de vétérinaires pour peu de cheptel en Algérie », a fait remarquer le Dr Naït El Hadj qui a donné une communication sous le thème « l'émergence d'une médecine vétérinaire de qualité en Algérie ». il s'est interrogé : «Comment jusqu'à nos jours l'Algérie n'arrive pas à éradiquer un certain nombre de maladies et continue toujours à enregistrer de mauvaises performances sanitaires et à réaliser des rendements très médiocres dans le domaine des productions animales ? ». Le conférencier a évoqué aussi les contraintes que rencontre le vétérinaire privé dans l'exercice de son métier, comme l'insuffisance, voire l'absence d'informations épidémiologiques à même de permettre un diagnostic efficace et une conduite à tenir conséquente. Les participants ont également soulevé la rareté et l'inexistence de moyens d'investigation modernes. Ceci compromet inévitablement toute volonté de maîtrise des pathologies évoluant au niveau des élevages dont le suivi sanitaire et le problème de la montée en puissance de l'anti-bio résistance que les praticiens vétérinaires ont constaté, en particulier, dans le domaine aviaire. Ce phénomène dangereux est, selon les scientifiques, lié à une utilisation déraisonnée, voire anarchique et souvent inutile d'antibiotiques. Des conférenciers ont aussi déploré la prolifération importante de circuits informels et illégaux de vente des médicaments vétérinaires et de produits biologiques. Il s'avère que ce marché noir est détenu indûment par des vendeurs d'aliments de bétail. «Ces circuits clandestins constituent un concurrent déloyal pour le praticien privé en lui confisquant ainsi son outil de travail et son gagne-pain» a déclaré le Dr Naït El Hadj.Devant cet état de fait, M. R.R Triki Yamani, président de la SAMV, a invité les vétérinaires à s'organiser localement en constituant des associations à travers l'ensemble des wilayas afin de présenter leurs doléances aux walis. Pour Triki Yamani, cette démarche est nécessaire avant la tenue du congrès des vétérinaires prévu le mois d'octobre prochain.