Organisée par le nouveau bureau de la Société algérienne de médecine vétérinaire (SAMV), la première rencontre entre les professionnels a été une occasion pour évoquer les difficultés que rencontrent les praticiens vétérinaires. Pour les vétérinaires, le métier est ignoré à présent dans sa dimension scientifique et ne fait plus vivre. “Notre métier est livré à des charognards qui agissent sans scrupules et sans le moindre souci de mettre la vie des citoyens en danger. Et ce sont les vétérinaires qui sont en fin de compte discrédités. Le vétérinaire est toujours mis en cause par la presse lorsqu'on apprend qu'en Algérie, nous n'avons pas encore éradiqué un certain nombre de maladies telles que la fièvre aphteuse, la tuberculose et même pas les maladies médiévales telles que le kyste hydatique qui existe toujours”, a souligné le Dr Naït El-Hadj, selon lequel “l'Algérie continue a enregistrer de mauvaises performances sanitaires et à avoir des rendements très médiocres dans le domaine des productions animales”. “Qui est responsable de cette régression, le vétérinaire ?” s'interroge-t-il, déplorant en premier l'absence de moyens matériels, outils, technique et même de cadre législatif pour pouvoir protéger la profession du vétérinaire. “Devant ce marasme, nous avons mis en place une commission qui sera notre interlocuteur avec les pouvoirs publics lors de la présentation du code de déontologie et l'ordre des vétérinaires”, explique encore le Dr Naït El-Hadj. “Il y a des circuits clandestins qui constituent un concurrent déloyal pour le praticien privé, en lui confisquant ainsi son outil de travail et son gagne-pain”, a déclaré le Dr Naït El-Hadj. “Nous trouvons tous les médicaments dans les souks. Nous consommons des produits cancérigènes. Devant l'absence d'un contrôle et de suivi, nous consommons sûrement de la volaille, de la viande, du lait, des œufs qui sont bourrés d'antibiotiques et, par conséquent, tous ces produits sont néfastes pour la santé publique du fait que les éleveurs ou les propriétaires de bétail injectent eux-mêmes les médicaments sans la moindre connaissance et sans la prescription du vétérinaire. Devant cet état de fait, nous consommons sûrement des produits cancérigènes ou allergisants”, a averti le vétérinaire qui, après avoir reconnu qu'il n'a pas fait une enquête scientifique sur ce sujet, reste tout de même sûr de sa déclaration. D'autres vétérinaires évoquent aussi les contraintes qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur métier. Ils déplorent l'absence d'informations épidémiologiques. Un procédé qui permettrait une démarche de diagnostic efficace et une conduite à tenir. Ils évoquent aussi la rareté ou l'inexistence de moyens d'investigation modernes, qui compromet toute volonté de maîtrise des pathologies évoluant au niveau des élevages dont le suivi sanitaire et le problème de la montée en puissance de l'antibiorésistance que les praticiens vétérinaires ont constaté, en particulier dans le domaine aviaire. Lors des débats, la majorité des participants ont critiqué l'absence d'une politique de formation continue pour les praticiens et surtout le faible niveau de formation des jeunes vétérinaires diplômés. Les statistiques de 2008 indiquent que 12 000 vétérinaires sont au chômage, alors que les 6 instituts des vétérinaires et l'école supérieure d'El-Harrach continuent à former chaque année plus de 1 000 vétérinaires. Les vétérinaires ont convenu d'organiser d'autres rencontres pour établir un véritable plan de travail.