Mohamed Faden, expert des questions juridiques, a estimé que les élections locales répondent aux normes internationales bien que la pratique pose toujours problème.« Dans notre pays, il est très facile de créer un parti politique, mais très difficile de constituer des listes électorales. D'autres dépassements ont été signalés tel le vote en dehors des bureaux de vote. En outre, la supervision n'a pas touché tous les centres de vote, pour des raisons financières probablement », explique-t-il, en soulignant que 50% seulement des centres de vote ont bénéficié d'une supervision. Par ailleurs, bien que la loi donne aux médias le droit d'assister au dépouillement, entre autres, sur le terrain, ce droit n'est pas totalement appliqué. Sur le plan politique, constate pour sa part, le politologue Mekhlouf Sahel, la carte politique n'a pas changé depuis les législatifs. « Le FLN et le RND demeurent les premières forces politiques avec l'émergence du MPA. Le recul du mouvement islamiste s'est confirmé lors de ces élections locales », dit-il, en faisant remarquer que le mouvement démocratique traditionnel (RCD, FFS) ainsi que les partis dits de gauche, ont connu un recul. Dans le même contexte, l'expert en économie, Abdelmalek Serraï a affirmé que les moyens financiers sont également déterminants dans la constitution de ces forces. En matière de participation électorale, observe-t-il, le taux est en baisse depuis 1997 où il était de 60%. Pourtant, révèle-t-il, à cette époque, le pays ne jouissait pas de la stabilité politique qu'il vit actuellement. Cela n'empêche pas une « inflation » de candidats représentant 52 partis politiques. « Il faut dire aussi que les partis politiques, avant de se lancer dans les élections, n'ont pas mené leurs activités d'une façon scientifique, avec le soutien des spécialistes, pour connaître les raisons de l'abstention lors des élections législatives et par conséquent, établir une stratégie pour accroître le taux de participation », souligne-t-il. Hausse du taux de participation en Kabylie : « Un atout considérable » Allant dans le même sens, Mohamed Faden, a déploré qu'aucune étude n'a été engagée pour savoir si l'abstention est due à des raisons involontaires (maladies, conditions climatiques...), à une position politique ou exprime le manque de confiance des électeurs envers les élus. Un détail cependant : « la hausse du taux de participation dans la Kabylie est un atout considérable sur la scène politique nationale », estime M. Faden. Cela est probablement dû, juge-t-il, à l'absence des discours appelant au boycott et à la présence de la plupart des partis politiques dans la région. Pour ce qui est de la hausse du taux de participation des régions du sud et la baisse enregistrée au niveau du nord, M. Serraï a estimé que les citoyens jouissant d'une certaine qualité de vie dans le nord n'éprouvent pas le besoin de voter, contrairement à ceux du sud dont le niveau de vie est plus bas. Le politologue, Mohand Berkouk, a affirmé, quant à lui, que le taux de participation, même s'il n'a pas beaucoup changé depuis les législatives, est quand même « stable » depuis 1997. « Ce qui est un point positif en soi. La participation de 52 partis politiques dans la gouvernance locale est, également, un autre point positif. Quant à la transparence, il y a une évolution dans ce sens. Aussi, 32% de femmes candidates sont élues, c'est un taux unique dans le monde », conclut-il.