Le directeur du CRSS, Mohand Berkouk, même s'il considére qu'en termes d'ingénierie électorale le débat politique est en train d'être recentré autour de la primauté du citoyen et des garanties juridiques et constitutionnelles qui sont davantage claires et précises, relève les nombreuses périodes de transition qui n'ont pas « induit des changements considérables ». Preuve en est : cette campagne électorale est jugée « faible et tiède » en raison « du manque de maturité » des partis politiques qui se sont engagés dans cette bataille électorale, et le maintien de l'esprit tribal et de la légitimité historique. Ce qui le pousse à appeler à l'instauration d'une logique institutionnelle qui respecte surtout l'indépendance du pouvoir judiciaire, clé de voûte de toutes les gouvernances. M. Berkouk précise que depuis 1995, l'Algérie n'a pas connu des élections aussi « sensibles », non sans préciser que le contexte arabe doit être pris comme sonnette d'alarme, surtout en ce qui concerne cet islam modéré qu'on veut imposer en tant que condition et non pas comme alternative. Dans ce contexte, il affirme, chiffres à l'appui, que seuls 2,2% de citoyens se sont engagés dans des formations politiques et sur les 44 partis en lice, il existe 23 nouveaux partis totalement inconnus des citoyens. « La plupart d'entre eux constituent des fragmentations d'autres partis, ce qui affaiblit assurément la scène politique nationale », observe-t-il. Dans ce contexte, Mohamed Lagab, enseignant universitaire à l'Institut des sciences de l'Information et de la communication (ISIC) a indiqué que, nonobstant la participation de 44 formations politiques en sus des listes indépendantes, « les candidats peinent à mobiliser les citoyens et à les inciter à assister à leurs meetings ». Ces partis politiques ont provoqué « l'effet inverse de par leurs discours qui, au lieu de refléter les véritables préoccupations du citoyen, revêtent un caractère monotone à même de faire fuir les électeurs », a-t-il déploré en signalant dans la foulée « la vulnérabilité » des partis politiques, qui ne sont plus dirigés par des « zaïm » capables de drainer les foules. En somme, les participants ont relevé « la prise de conscience politique » chez le citoyen algérien grâce à l'évolution sociale et au développement technologique. Le citoyen algérien peut être à l'écoute de ce discours politique, mais il serait difficile de l'en convaincre, d'où la « problématique d'assurer un taux élevé de participation », a estimé M. Lagab. Pourtant au plan juridique, Walid Aggoun, juriste constitutionnaliste, affirme que le cadre juridique établi prévoit tous les mécanismes à même d'assurer le bon déroulement du processus électoral. Il a aussi rappelé, à ce titre, le rôle des deux commissions de supervision et de surveillance des élections estimant que les observateurs internationaux pourraient être « témoins » de la régularité de ces élections. Les participants ont également débattu de l'impact des médias sur le déroulement de la campagne électorale et du rôle de la société civile dans la mobilisation des citoyens pour une participation massive aux législatives du 10 mai et ont affirmé à l'unisson que seul le président de la République peut motiver les électeurs à aller voter le jour « j ».