L'apport des médias à la révolution algérienne était, hier, au centre d'une conférence-débat au forum du quotidien El Moudjahid, consacrée essentiellement au 55e anniversaire de la création de la radio secrète « La voix de l'Algérie », le 16 décembre 1956. L'animateur n'était autre que Lamine Bechichi, moudjahid et ancien ministre de l'Information, qui a apporté son témoignage sur les principales étapes ayant marqué le parcours de la radio. L'idée de lancer un média audio à même de porter haut la cause algérienne et la faire connaître à un public plus large remonte aux premières années de la révolution, sur proposition des responsables des transmissions. Le projet est mis en œuvre, indique le conférencier, par le lancement de la radio secrète émettant, depuis le 16 décembre 1956, à partir d'un camion mobile à l'est du Maroc. Les premières voix étaient des anciens moudjahidine, à l'image de Aïssa Messaoudi, Abdelmadjid Meziane et Belaïd Abdeslam qui œuvraient à sensibiliser l'opinion publique nationale et internationale à travers des programmes et des émissions diffusés en arabe, en français et en tamazight. Après neuf mois d'émission, la radio a marqué un arrêt avant de reprendre dans plusieurs pays voisins. A Tripoli, le conférencier n'a pas manqué de souligner l'apport du roi de la Libye de l'époque, Idriss Snoussi, et son intérêt accordé à « La voix de l'Algérie ». M. Bechichi a également rappelé les radios arabes qui avaient ouvert leurs ondes à « La voix de l'Algérie » pour défendre la révolution de novembre 1954, citant la Tunisie, l'Egypte et surtout Irak qui a amplement soutenu la révolution algérienne. L'ancien ministre de l'Information se rappelle du poète Tayeb Maâche, qui était chef de la délégation algérienne à Bagdad en 1958, de Salah Seddik à Tripoli, et de Bouabdallah Ghlamallah, actuel ministre des Affaires religieuses, qui était, lui, à la radio, à Damas, en compagnie de cinq autres Algériens. M. Bechichi explique, par ailleurs, la cessation des émissions de « La voix de l'Algérie » dans certains pays arabes, pour les divergences d'opinion nées entre le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) et les gouvernants des pays concernés. A une question sur la récupération des archives de la radio, Lamine Bechichi dira que le procédé reste possible puisque les bandes sonores existent encore dans des pays où la radio avait émis, en Tunisie et en Egypte, en particulier.