« Nous travaillons très dur avec la France et nos autres partenaires sur ce dossier urgent. Nous espérons boucler le dossier cette semaine », déclare Victoria Nuland, la porte-parole du département d'Etat. Dimanche dernier, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, qui a minimisé tout différend entre Paris et Washington, a annoncé que les deux pays allaient trouver un accord « d'ici quelques jours ». Comment ? Johnnie Carson, le secrétaire d'Etat américain adjoint aux Affaires africaines, a récemment estimé que les plans de la Cédéao « ne répondaient pas à plusieurs questions essentielles », dont les « capacités des forces maliennes et internationales à atteindre les objectifs de la mission » et son financement, estimé à, au moins, 200 millions d'euros. Susan Rice, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, émet, elle aussi, de sérieuses réserves sur ce plan qui n'est pas, à ses yeux, assez consistant pour débusquer les groupes armés, formés d'hommes aguerris. Selon elle, le manque de connaissance du terrain va jouer incontestablement en faveur des groupes terroristes qui, eux, ont la maîtrise parfaite de la géographie et des reliefs désertiques de cette région. A la différence de Paris et des capitales africaines va-t-en-guerre, Washington plaide pour un rétablissement, d'ici avril prochain, de la démocratie à Bamako et l'exclusion des putschistes du pouvoir. « Nous ne sommes pas en mesure de soutenir l'armée malienne, notamment parce que nous devons nous assurer que la résolution qui se prépare à New York isole les putschistes », insiste la porte-parole de la diplomatie américaine. Autre point de divergence : les Américains savent que toute action militaire dans l'immédiat ne pourrait que provoquer des réactions en chaîne des Touareg dans les pays de la région. Notamment dans ceux qui sont fragiles et instables. Ceci dit, les Américains n'iraient pas jusqu'à s'opposer à cette intervention. Même si ce soutien semble conditionné par une « implication » plus poussée de l'Hexagone et de l'Union européenne qui a dépêché, le 10 décembre, une mission de 400 soldats au Mali, pour former et entraîner quatre bataillons de 650 soldats maliens, dès janvier prochain. Ces derniers seraient-ils en mesure, après six mois de formation, de faire face à des groupes armés islamistes suréquipés et surarmés ? Outre les Américains qui ont émis des réserves à New York, il y a également le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, et son envoyé spécial au Sahel, Romano Prodi. Excluant toute intervention « avant septembre 2013 », les deux responsables prônent un dialogue politique avec les groupes armés qui ne remettent pas en cause l'intégrité territoriale du Mali et qui rejettent le terrorisme. Ce dialogue, qui a débuté entre Bamako, le MNLA et Ansar Dine sous une médiation burkinabé, vient d'être renforcé par l'objectif de la visite dans la région de Romano Prodi, accompagné du représentant du SG de l'ONU pour Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit. « C'est pour discuter des défis auxquels est confronté le Sahel et de la manière d'y faire face », explique le texte annonçant cette tournée qui prendra fin, aujourd'hui, à Niamey où le président Mahamadou Issoufou propose à son opposition un « gouvernement d'union nationale » pour « faire face aux défis sécuritaires » liés à la crise au Mali voisin. Selon un document actuellement en circulation dans les coulisses des Nations unies, le nombre de réfugiés maliens, en cas d'une intervention militaire, doublerait.