Le président français, François Hollande, et le secrétaire général de l'ONU ont axé leur entretien, hier, sur la situation au Sahel Washington soutiendra la France si ce pays «décide qu'il est nécessaire d'intervenir militairement» au Mali, affirme hier le secrétaire d'Etat adjoint US chargé de l'Europe, Philip Gordon, sans préciser comment. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réclamé hier la libération «immédiate» des otages français retenus au Sahel, à l'issue d'un entretien à Paris avec le président français François Hollande qui a réaffirmé sa volonté de soutenir une action militaire au Mali. «Je demande qu'ils soient immédiatement libérés, de même que tous les autres otages», a affirmé lors d'un point-presse conjoint, Ban Ki-moon, en précisant partager «les préoccupations de la France» quant à la situation de ses ressortissants. Six Français sont retenus en otages au Sahel par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi): quatre collaborateurs du groupe nucléaire public Areva et de son sous-traitant Satom, enlevés au Niger le 16 septembre 2010, et deux, présentés comme des géologues, capturés au Mali dans la nuit du 24 novembre 2011. La France est prête à voter une résolution à l'ONU sur une intervention militaire africaine au Mali, qu'elle soutiendra sur les plans «logistique», «politique»et «matériel», a réaffirmé de son côté François Hollande. «Il y aura un calendrier à respecter», a-t-il ajouté, sans préciser lequel, tout en reconnaissant les difficultés de mise en oeuvre d'une telle force militaire africaine. Il faut que «ce soit dans un délai raisonnable», a précisé François Hollande. L'adoption d'une résolution à l'ONU «peut se faire dans un délai court», a-t-il ajouté. Pour «l'intervention elle-même, c'est aux Africains de s'organiser pour qu'elle ait lieu rapidement (...) et efficacement», a jugé le chef d'Etat français. «Le but c'est éradiquer le terrorisme», a-t-il martelé. Bamako et ses voisins ouest-africains souhaitent que l'ONU donne sa bénédiction à une intervention militaire ouest-africaine pour reconquérir le Nord du Mali, contrôlé par des islamistes. La France, très en pointe sur ce dossier, a annoncé qu'elle présentera bientôt au Conseil un projet de résolution visant à préparer le terrain pour ce feu vert de l'ONU. Le principe de l'envoi d'une force militaire ouest-africaine au Mali pour en déloger les islamistes armés semble acquis, mais les obstacles liés à sa composition, ses capacités et son financement demeurent nombreux. Les 14 voisins du Mali auraient accepté de contribuer à cette force d'environ 3000 hommes, mais à ce jour peu de pays l'ont exprimé clairement et publiquement. Le président français a enfin dit que le choix de Ban Ki-moon de demander à Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne et ancien chef du gouvernement italien, de devenir l'émissaire de l'ONU pour le Sahel avait le soutien de la France. «Le nom proposé me paraît le bon», a-t-il déclaré. Selon le responsable de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, une réunion de représentants de la communauté internationale le 19 octobre à Bamako sera «l'occasion de se mettre d'accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu'il y ait une convergence de vues sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel». Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui avaient lancé en janvier l'offensive dans le nord du Mali pour obtenir l'indépendance de ce vaste territoire - les deux tiers du pays -, en ont été évincés en juin par des groupes armés islamistes armés qui y imposent la charia (loi islamique), dont Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Par ailleurs, le secrétaire d'Etat adjoint américain, chargé de l'Europe, Philip Gordon, affirme dans une interview au journal Le Monde, que les Etats-Unis soutiendront la France si ce pays «décide qu'il est nécessaire d'intervenir militairement» au Mali, M.Gordon ne précise pas cependant comment et de quelle manière Washington apportera son soutien à la France. «Dans toutes les réunions, la France souligne l'importance du Sahel. A chaque fois, nous nous engageons à travailler avec elle», déclare le responsable américain. «Nous soutenons la France et si elle décide qu'il est nécessaire d'intervenir militairement, elle peut compter sur le soutien des Etats-Unis», indique le responsable américain. Interrogé sur l'éventuelle aide militaire que fourniraient les Etats-Unis, Philip Gordon refuse d' «entrer dans les détails pour l'instant». «L'attaque de Benghazi a rappelé que le terrorisme existe en Afrique du Nord et qu'il y a des liens avec l'instabilité au Maghreb et dans le Sahel» souligne-t-il aussi à propos de la mort le 11 septembre de l'ambassadeur américain en Libye Chris Stevens, avec trois compatriotes.