Le phénomène d'enlèvement des enfants est à prendre au sérieux. 36 enfants ont été enlevés durant l'année en cours. A ce sujet, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche médicale (Forem), Mustapha Khiati a plaidé, hier, pour l'application de la peine de mort dans les cas d'enlèvement, d'agression sexuelle et d'assassinat d'enfants. « Nous sommes parmi les gens qui disent qu'en cas d'enlèvement d'enfants suivi d'agression sexuelle et d'assassinat, la peine de mort doit être appliquée, car dans ce genre de situation, c'est la société qui est ébranlée et ce sont ses fondements qui sont touchés », a déclaré M. Khiati sur les ondes de la radio algérienne. Quant aux mesures pénales à prendre à la suite de l'enlèvement, jeudi dernier, de Chaïma, une fillette âgée de 8 ans, à Mahelma (Zeralda) et retrouvée morte, M. Khiati a indiqué que l'enlèvement de Chaïma « nous interpelle tous et chaque enlèvement d'enfant est une disparition de trop ». Le professeur Khiati a indiqué que la peine de mort est bannie par la communauté internationale, alors que les agresseurs récidivent. Afin de mettre fin à cette situation, il dira qu'il faut réagir à tous les niveaux. « Les services de sécurité seuls ne peuvent pas régler tous les problèmes ». Pour lui, le problème du kidnapping interpelle la société dans son ensemble et les parents en premier lieu. « La protection de l'enfance est une question de société qui concerne l'ensemble des citoyens et des institutions », a-t-il souligné. Il a fait savoir qu'il faut donner l'alerte à temps pour que les chances de récupérer les kidnappés soient élevées. « Selon les études publiées dans les pays occidentaux, tout se joue dans les premières heures qui suivent l'enlèvement ». Dans ce genre de situation, un plan de recherche professionnel, dont doivent contribuer toutes les parties y compris les médias, doit être mis en place, selon lui. « Malheureusement, ce genre de réaction n'est pas encore développé en Algérie », a-t-il déploré. Au sujet de l'agression sexuelle, le président de la Forem a affirmé que pour 80% des cas d'abus sexuels contre des enfants, les auteurs font partie de la famille de la victime. « 10.000 cas ont été enregistrés en 2010 et ce chiffre est loin de refléter la réalité », a-t-il précisé. Notons, toutefois, que ce sujet reste un tabou dans une société conservatrice et traditionnelle comme la nôtre. Il a par ailleurs indiqué que la meilleure solution pour y faire face reste le traitement psychologique et la sensibilisation du citoyen. « L'abus sexuel à l'égard des enfants ne pourrait être résolu ni par les administrations ni par la loi mais uniquement par la volonté de toute la société algérienne », dira-t-il. Selon le rapport de la Fondation relatif à la situation des enfants en Algérie pour l'année 2012, M. Khiati parle de 50.000 enfants maltraités, 10.000 violés, 350.000 qui travaillent de façon permanente dans le marché noir, 20.000 qui sont livrés à eux-mêmes dans les rues et 15.000 ont été présentés devant les tribunaux. M. Khiati affirme que ces chiffres ne sont que la face apparente de l'iceberg. « Les enfants ont besoin d'une prise en charge permanente », a-t-il précisé, tout en regrettant le manque de coordination entre les différents ministères pour une réelle prise en charge. C'est pour cela qu'il suggère la création d'un secrétariat d'Etat pour prendre en charge les problèmes de cette frange de la société et défendre ses droits.Concernant les enfants nés sous X, leur nombre est estimé entre 3.000 et 5.000 par an. Pour le professeur Khiati, le dossier de cette catégorie d'enfants « fait toujours l'objet d'un traitement très discret » de la part de l'Etat, ce qui entraverait la recherche de solutions adéquates. Pourtant, a-t-il souligné, il est urgent de renforcer le traitement de ce problème, en « débureaucratisant » le dossier des enfants nés sous X et, donc, en assouplissant les procédures de la kafala et en imposant une loi sur l'identification du père biologique par l'ADN.