Plus de 5.000 policiers des différents services ont été mobilisés pour cette opération d'envergure qui a duré trois jours. Une carte de criminalité a été élaborée, au préalable, pour cette opération, qui a ciblé les poches des réseaux de la criminalité. L'objectif est de nettoyer les poches de la délinquance à quelques jours de la fin de l'année, afin de permettre plus de sécurité et d'assurer la quiétude pour les citoyens, dans le cadre de la lutte contre la criminalité et le terrorisme. « Il s'agit d'opérations préventives contre la criminalité », selon le responsable de la communication de la sûreté de wilaya d'Alger, le commissaire de police, Khaled Kadaoui. Un plan sécuritaire spécial réveillon a été également élaboré par le commandement de la police de la capitale. Selon le responsable de police, il est entré en vigueur à partir du 25 décembre. Depuis cette date, les policiers des brigades mobiles de la police judiciaire (BMPJ), unités de la sécurité routière et trois divisions de la PJ ont été mobilisés au niveau des points sensibles de la capitale, notamment les complexes touristiques et les réseaux routiers. Les points de contrôle ont été renforcés et dotés d'alcooltest ainsi que de « fennecs » (détecteurs d'explosifs). Certes, la capitale n'a enregistré aucun attentat terroriste en 2012, mais les risques ne sont pas écartés. Mais la présence des policiers est de mise « pour que les Algériens puissent faire la fête dans la sécurité totale », dira le commissaire de police Kadaoui. MISE EN PLACE D'UN FICHIER SUR LA NATURE DES INFRACTIONS Nous avons assisté, dans la soirée de dimanche dernier, à l'une de trois offensives qui a ciblé cinq communes d'Alger, à savoir Draria, Chéraga, Birtouta, Bouzaréah et Zéralda. Vers 18h30, le chef de la division ouest de la police judiciaire de la SW d'Alger, le commissaire principal, Mourad Allalou, réunit ses troupes au siège de la BMPJ de la Bridja à Staouéli. Objectif : un breefing avec les policiers sur cette sortie sur le terrain. Il scinde ses éléments en groupes et insiste, surtout, sur le respect des citoyens pendant l'opération, tout en faisant preuve de vigueur et vigilance. Il nous explique que « cette descente s'inscrit dans le cadre du dispositif spécial réveillon dans la banlieue ouest de la capitale, qui connaît un afflux de familles ». Ainsi, les complexes touristiques, notamment les grands hôtels, ont fait l'objet d'un renforcement du dispositif sécuritaire. Des policiers en civil ont été déployés dans les lieux publics. Les points de contrôle ont été multipliés ainsi que les patrouilles mobiles pour assurer la circulation. Un officier de la SW d'Alger a expliqué que le dispositif « a été mis à jour afin de faciliter la circulation tout en renforçant le contrôle du réseau routier à travers le déploiement de motards et d'agents chargés de la circulation ». Les barrages ont été dotés d'alcotests. La télésurveillance, qui s'avère très importante pour le trafic routier, a été renforcée. « Ce dispositif sécuritaire spécial nouvel an a permis aux citoyens de la capitale le passage à l'année 2013 dans la sérénité et la sécurité, sans aucun risque majeur », a déclaré le commissaire de police Fillali. On a pu, de visu, constater que les lieux touristiques, les restaurants à Staouéli ont été pris d'assaut. Des véhicules immatriculés dans plusieurs wilayas révèlent la diversité des familles. « C'est la dernière semaine des vacances scolaires et les familles veulent en profiter. Notre mission est d'assurer une bonne couverture sécuritaire et permettre aux familles de se sentir en sécurité », souligne le commandant de l'opération. Les places publiques, les arrêts de bus et de taxi ont été investis par des policiers en civil et en tenue. Dans les nouveaux quartiers, à Birtouta et Draria, des patrouilles de la BMPJ ratissaient les lieux. Des suspects sont interpellés pour identification. « Le phénomène des gangs a été maîtrisé suite à la neutralisation des meneurs », précise le chef de la brigade de répression du banditisme. Pour le responsable de la communication, « il s'agit, en réalité, d'un phénomène qui trahit davantage une volonté de puissance et de domination propre à l'âge ». EL DJAMILA, UN QUARTIER « NETTOYE » Vers 18h30, un important dispositif de police a été déployé à El Djamila, où les quartiers sont passés au peigne fin. La descente a ciblé les débits de vente illicite de boissons alcoolisées. La fouille des lieux a permis la découverte d'une quantité importante de cannettes de bière destinées à la commercialisation. « La moisson » était dissimulée dans une cache dans un immeuble. Près de 40 policiers furent mobilisés. Ils ont procédé au contrôle systématique d'identité des consommateurs à l'intérieur, comme à l'extérieur des restaurants et bars. Certains ont été fouillés. Le commissaire, chef de mission, a tenu à rappeler « qu'il est formellement interdit de servir de l'alcool à des mineurs ». Les policiers se sont ensuite dispersés dans les rues adjacentes pour d'autres contrôles et fouilles de véhicules. Cette intervention massive et remarquée n'a pas manqué de susciter la satisfaction des habitants et des gérants de restaurants. Vers 20h00, direction la plage de la Jeunesse, un lieu très fréquenté par les délinquants. Certains étaient déjà en état d'ébriété. Un jeune policier commente, avec le sourire, « ce n'est qu'un échauffement ». Abdellah, âgé d'une quarantaine d'années, se trouvait sur les lieux au passage des policiers. Il était en état d'ivresse avancé mais il a pu reconnaître les policiers. Il interpelle l'un d'eux : « Chef, j'ai mes papiers, si vous voulez vérifier. Je ne suis pas un zotolo, moi » (je ne suis pas un consommateur de drogue). A 20h15, des véhicules de police garent à la place artificielle de Djamila : contrôle d'identité, fouilles au corps.... Au cours de l'opération, un jeune homme, à bord d'un véhicule, a été interpellé. Il a été repéré par le chef de la brigade de lutte contre les stupéfiants à la division ouest de la PJ. Le jeune a tenté d'avaler les morceaux de kif traité. Il a fallu un « travail draconien » pour retirer les morceaux de sa bouche. Au cours de cette opération, « une soixantaine d'individus auraient été contrôlés », estime le commissaire de police Kadaoui. De telles opérations à cette heure de la journée étaient destinées à marquer le terrain et les esprits. Les barrages de police sont aussi contrôlés pour vérifier sur le terrain le déroulement du travail la nuit. Il était près de 23h00, quand on a décidé de rentrer, mais la mission des policiers se poursuivait. Pour eux, le travail ne fait que commencer. Le sacrifice est mis en ligne et le métier passe avant la famille, surtout dans ce genre d'occasions, à l'image de ce policier qui a laissé sa petite fille fébrile, et qui ne cessait de demander après son état par téléphone, ou ce commissaire qui appelle sa femme pour lui annoncer qu'il ne peut pas dîner en famille. « Elle s'est habituée », lance-t-il avec un sourire. Ces « gladiateurs des temps modernes » veillent au moindre mouvement suspect. Pas de répit pour les hommes en bleu. L'année 2012 se traduit en résultats chiffrés. Le bilan est, certes, satisfaisant, surtout en matière de lutte contre le crime organisé et le maintien de l'ordre, mais « il reste beaucoup à faire », nous confie-t-il. 10.000 INDIVIDUS RECHERCHES ARRÊTES Dans le cadre de la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, la SW de la wilaya d'Alger a pu mettre fin durant l'année 2012, à la cavale de 10.000 personnes ayant faisant l'objet de mandat d'arrêt. Ce chiffre a été révélé par le responsable de la cellule de communication. Ces personnes ont été arrêtées lors de descentes de police ou suite à leur identification dans des points de contrôle et des barrages. L'identification des véhicules a permis également d'en récupérer 294 et ce, grâce au système électronique Lapi. Le recours aux moyens techniques et scientifiques s'avère de plus en plus bénéfique. La petite criminalité a été maîtrisée. Pour preuve, une baisse de 8% a été enregistrée dans les affaires liées aux atteintes aux biens. Cette régression est le fruit d'un plan d'action mis en place par le commandement de la police au niveau de la capitale. « Il s'agit de la sécurisation optimale de tous les espaces publics et de l'occupation permanente du terrain, même les impasses et le ruelles qui constituaient jusque-là des poches criminelles ». Les policiers ne se contentent plus de présenter les suspects au parquet mais élargissent également leur champ d'investigations. Le même responsable a révélé aussi que la coordination inter-services a été très bénéfique ainsi que la mise en place d'un fichier des malfaiteurs. « C'est une base de données spéciale. Il s'agit de délinquants répertoriés par spécificité et selon la nature de l'infraction afin de faciliter les investigations », nous explique le commissaire de police, Kadaoui. Dans le volet de la lutte contre le crime organisé, une saisie record a été enregistrée en matière de drogue. Une quantité de plus de 15 quintaux de résine de cannabis a été saisie par la BRI (Brigade de recherches et d'intervention), et des réseaux transfrontaliers ont été démantelés. Selon le bilan de la police d'Alger, 3.200 affaires de trafic de stupéfiants ont été traitées. Elles ont conduit à l'arrestation de 3.300 individus dont des barons.