Seize carrières d'agrégats, bien que jouissant des autorisations administrative et environnementale, sont en arrêt d'activité dans la wilaya de Bejaia, en raison de « l'opposition » de leurs voisinages, qui mettent en cause leurs supposées nuisances, selon le directeur local de l'énergie et des mines (DEM). Cinq gisements, d'une capacité de 500.000 tonnes, ont été fermés après avoir entamé leur activité, alors que les autres, soit 11 unités, bien que titulaires de titres miniers, n'ont jamais pu exercer à cause des protestations des riverains, a précisé M. Omar Sbaa, ajoutant que cette situation « prive la wilaya d'un potentiel économique d'une utilité stratégique ». Le même responsable relève qu'« aucun nouveau site de production n'a pu être ouvert ces dernières années, ce qui porte un préjudice certain aux entreprises locales ». Pour compenser le déficit local en la matière, les entreprises se retrouvent dans l'obligation d'acquérir leurs besoins en agrégats en dehors de la wilaya, moyennant des surcoûts et des retards dans leurs chantiers, a indiqué M. Sbaa. En 2012, pour une capacité globale de production, estimée à 3,5 millions tonnes, il n'en a été produit qu'un million de tonnes, a-t-il souligné, ajoutant que seules 8 carrières sont actuellement en activité. Ces carrières à l'arrêt subissent aussi les contrecoups de l'échec de leur investissement en équipements et matériels, d'une valeur vénale moyenne de 200 millions de dinars et les candidats à leur reprise ne se manifestent pas. Ces oppositions des riverains « ne trouvent aucune justification objective, et s'expriment même, à l'occasion, de façon anachronique », indique M. Sbaa, notant que « tous les exploitants ont été soumis à des paramètres techniques et environnementaux stricts ». Pour corroborer cette « légèreté à la contestation », M. Sbaa cite le cas des gisements soumis à exploitation pendant la durée consacrée à la réalisation du barrage de Tichy-Haf à Bouhamza (80 km au sud-ouest de Bejaia), et « qui ont dû subir la vindicte populaire dès la fin du projet. « Le phénomène de protestation n'est pas typique à la wilaya de Bejaia, reconnaît le même responsable, mais il « se singularise, à Béjaia, par son ampleur et inquiète de façon lancinante à cause de ses répercussions supposées sur le développement local en général ». Ces protestations récurrentes se répercutent négativement sur la conduite du plan de charges de la région, truffé de projets structurants, notamment une pénétrante autoroutière, un dédoublement de la voie ferrée sur 100 km, et un centre hospitalo-universitaire de 5.000 lits, nécessitant chacun de grandes quantités d'agrégats, souligne, par ailleurs, le directeur de wilaya de l'énergie et des mines.