Photo : Riad La production d'agrégats décroît en permanence à Béjaïa. Le problème se pose avec acuité depuis quelques années déjà, au point de constituer aujourd'hui un frein au développement de la wilaya. Au cours d'une récente déclaration publique, la Direction locale de l'énergie et des mines (DEM) a tiré, encore une fois, la sonnette d'alarme à ce sujet. Jugeant le déficit enregistré en la matière «alarmant», le DEM, Belaïd Akrour, rappelle que «cette carence est essentiellement due à l'opposition de citoyens, se traduisant par la fermeture de plusieurs carrières». Dans son bilan chiffré, le directeur note que «le déficit enregistré par rapport aux capacités de production de la wilaya est de 50% pour l'agrégat, 70% pour le sable concassé et 50% pour l'enrochement», soulignant que «la production globale d'agrégats a baissé de moitié en 2009 comparativement à l'année 2008». Méconnaissant, en général, les règles régissant l'exploitation minière, les populations et les assemblées locales n'y voient que les inconvénients et les désagréments. D'importants projets ont été étouffés, par le passé, avant même de voir le jour. C'est ainsi qu'une cimenterie moderne a été, pour rappel, délocalisée, début 2000, de Toudja vers une wilaya des Hauts Plateaux suite aux protestations des riverains. Aussi, sous la pression des citoyens de la commune de Melbou, la carrière d'agrégats Gravem (la plus importante au niveau de la wilaya en termes de production avec 200 000 tonnes/an) a été fermée en 2003. L'opposition des populations de Tala Hamza s'est soldée, encore une fois, par l'arrêt de l'exploitation du gisement d'argile du lieu-dit Abrouaq. Les services des forêts refusent également de renouveler les titres d'exploitation à trois autres carrières à Boulimat depuis des années. Compte tenu de leur importance économique pour la wilaya (elles représentent plus de 40% de la production totale en agrégats), le wali les a quand même maintenues en activité en attendant une nouvelle dérogation de la tutelle. Elle sont depuis en sursis. Récemment encore, les villageois d'Alliouène (sur les hauteurs de la commune côtière d'Aokas) ont procédé à une fermeture «musclée» d'une carrière privée à Kefrida, en sabotant carrément ses installations. A Kherrata, les habitants de la cité Mahrira, dans un élan similaire, bloquent régulièrement la route menant vers les deux carrières d'agrégats implantées dans les parages. Au cours de ses nombreuses interventions, le DEM se veut toujours très rassurant à l'adresse des administrés et des assemblées locales. Il rappelle, à chaque fois, la rigueur des cahiers des charges sur les questions de l'environnement et de la sécurité des périmètres environnants, en mettant l'accent sur le développement des techniques qui, aujourd'hui, réduisent les risques au minimum. Dans son plaidoyer, le premier responsable du département de l'énergie et des mines à Béjaïa expose constamment l'importance socioéconomique de son secteur, «notamment dans cette phase de relance économique pour rattraper les retards enregistrés dans l'achèvement des programmes de travaux publics et d'habitat, ainsi que le manque à gagner en matière de création emplois», tient-il à préciser, à chaque fois, en soulignant que le secteur, aussi stratégique soit-il, ne compte à présent que quelque 500 salariés. Ce travail de sensibilisation appelle visiblement des actions autrement plus conséquentes en collaboration avec les autorités locales, les opérateurs économiques et les acteurs socioculturels de la région. Il est fondamentalement question de concilier le développement économique et la sauvegarde de l'environnement. Le challenge exige, en effet, l'implication et la consultation de toutes les parties. Et c'est toutes ces parties qui doivent bénéficier, en priorité, de ce genre de projets.