L'étude, réalisée par le Centre d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAPD), a dévoilé que l'objectif « 0% d'analphabètes en Algérie en 2016 » ne sera malheureusement pas atteint dans les délais qui ont été fixés dans le programme national de lutte contre l'analphabétisme. Etant complètement achevée, l'étude sera très prochainement publiée. Le représentant du CENEAP, Tahar Hocine, a affirmé que « cette étude est venue confirmer l'hypothèse, selon laquelle le taux élevé d'analphabétisme en Algérie est dû aux longues années de colonialisme ». Selon les chiffres de cette étude, l'Algérie comptait 14% d'analphabètes en 1830 pour passer à 95% en 1948. Pour appuyer sa présentation, M. Tahar Hocine a aussi repris un passage des écrits de l'anthropologue, Alex de Tocqueville, disant que « la société algérienne n'était ni barbare ni incivile (...) il y existait bon nombre d'activités caritatives qui prenaient en charge, entre autres l'éducation ». Depuis son indépendance en 1962, l'Algérie est passée de 85% d'analphabètes à 22% en 2008. Cette étude a notamment révélé que depuis 2008, et grâce aux efforts concertés de l'action associative et ceux du ministère de l'Education, le taux d'analphabètes a connu une baisse importante (18% en 2012). Selon les prévisions du CENEAPD, ce taux baissera les années à venir pour atteindre 14,76% en 2015 et 12,6% en 2018. « Aujourd'hui, le programme d'alphabétisation touche tout le territoire national, y compris les régions les plus isolées. Mais nous estimons que la stratégie nationale est à revoir pour tenir compte des nouveaux besoins des analphabètes », constate-t-il, en soulignant que 80% des enseignants bénévoles sont des femmes. La rencontre organisée par l'association Iqraa et son partenaire, l'opérateur téléphonique Nedjma, a coïncidé avec la journée arabe de l'alphabétisation. L'étude comporte également une traçabilité de la lutte contre l'analphabétisme dans les documents officiels de 1954 jusqu'à la stratégie nationale de lutte contre ce fléau établie en 2007. Récemment désignée pour faire partie du tiers présidentiel du Sénat, Mme Barki, la présidente de l'association Iqraa, s'est engagée à « porter la cause de la lutte contre l'analphabétisme à mes futurs collègues et continuer à défendre le droit à l'éducation et à l'instruction et à en faire une priorité ». Cette dernière indiqurera que l'association dispose de 138 000 enseignants et que plus de 1,5 million de personnes ont été alphabétisées depuis sa création en 1990. « Aujourd'hui, nous avons le soutien de plusieurs institutions, le ministère de l'Environnement, notamment ainsi que le ministère de la Formation professionnelle. Nous sommes présents dans les centres de formation professionnelle pour préparer les jeunes à assimiler leur apprentissage », se réjouit-elle en déplorant, toutefois, que les budgets qui sont alloués à l'association soient irréguliers. « Les dons privés, confie-t-elle, sont rares et les cotisations des candidats que nous formons ne sont pas consistantes ». D'où son appel en direction des pouvoirs publics pour doter l'association d'un statut utilitaire, afin qu'elle puisse bénéficier d'un financement régulier. L'analphabétisme numérique « Il est vrai que l'objectif premier de notre association est d'arriver à 0% d'analphabètes en Algérie. Cela dit, nous visons aussi à entreprendre une campagne contre l'analphabétisme numérique une fois l'objectif atteint », a affirmé Mme Barki. Le représentant de Nedjma a affirmé que « Nedjma se dit entreprise citoyenne, c'est donc un devoir pour nous d'accompagner la cause de l'association Iqraa dans le domaine des télécommunications ». Selon Mme Barki, s'ouvrir au monde de l'information rapide qu'offre la nouvelle technologie est tout aussi essentiel de nos jours au même titre que la lecture et l'écriture.