En 1963, l'Opéra d'Alger n'est plus. Il renaît sous une nouvelle appellation : le Théâtre national algérien (TNA). Aujourd'hui et pour un mois, à la même place, le square Port-Saïd, qui a porté en son giron le meilleur cru du 4e art national, célèbre cette renaissance, il y a 50 ans. L'occasion étant de faire une halte sur le cinquantenaire de l'Algérie indépendante et par la même de la libre expression théâtrale nationale telle qu'elle s'est toujours battue sous l'oppression coloniale. C'est ainsi que pour tout un mois, du 8 janvier la date fatidique de la nationalisation de cette entité théâtrale et jusqu'au 8 février prochain, le TNA accueille des activités journalières. Dans cette page, il en sera rapporté l'écho à travers des productions, des auteurs et des planches signées par de célèbres dramaturges toujours en vie ou disparus. Hommage pluriel. Il a été abattu sur le parvis du TNA La nouvelle a fait le tour de la presse nationale et internationale. Azzedine Medjoubi a été tué ! C'était en hiver. Une fois sur les lieux, un peu en retard, il faut l'avouer, tout était désert. Une atmosphère d'abandon et d'angoisse planait sur tout le quartier du Tantonville. Rien ni personne ne pouvait nous donner une quelconque information sur la mort de l'acteur parti brutalement en dans sa pleine jeunesse. Azzedine Medjoubi, le comédien dont j'étais une admiratrice depuis fort longtemps venait de mourir. Ravi aux siens et à son public et à la culture algérienne. Il n'avait pas le look d'un jeune premier Azzedine Medjoubi mais il avait ce quelque chose que nombre d'acteurs au physique de jeunes dieux grecs ne possédaient pas. Combien étions-nous jeunes filles cloîtrées à la maison ou, lycéennes à avoir été amoureuses de Medjoubi ? A chaque passage à la télévision, on était là, à le regarder jouer, admiratives pour ce jeune comédien à la voix unique, si puissante. Medjoubi n'était seulement celui que la nature a doté d'une voix audible, portant loin la parole quand il était sur les planches.Il possédait le charisme. Par-delà l'écran de la télé, ou la scène de théâtre, on est immédiatement pris par le regard, la voix et sa passion transmise à ses personnages. Fougueux, passionné, Azzedine Medjoubi jouait avec son âme et ses entrailles. Il n'est devenu comédien que parce que la nature lui a fait don de cette de cette aptitude et de son charisme. « A quel âge est-on grand comédien ? » a dit un jour le philosophe et écrivain français Diderot. Il n'y a pas d'âge pour être un grand acteur, l'exemple de Medjoubi est parlant. Il excellait dans l'art d'interprétation et de la mise en scène, ce qui le propulse parmi les grands artistes algériens. Une année après avoir été nommé à la tête du TNA, il est assassiné devant l'édifice face à la mer. Parmi les pièces qu'il a interprétées on ne peut passer sur l'éternelle « Hafila Tassir », « Bab el Foutouh » et « Galou Laarab Galou »