La réunion fut une occasion pour échanger les points de vue et exprimer les préoccupations, notamment d'ordre socioprofessionnel des journalistes. « Nous sommes là pour écouter les préoccupations des professionnels et les orientations du ministère, qui se présente comme institution politique », a dit le ministre tout en mettant l'accent sur l'importance de favoriser le dialogue et la concertation basée sur le principe de concession mutuelle. Tout en rappelant le rôle qu'a joué « la presse publique pendant la révolution et durant la décennie noire, surtout en matière de défense de la politique de l'Etat », M. Mohamed Saïd a affirmé « qu'elle mérite d'être honorée » et que l'Etat affiche « une volonté politique pour la soutenir et la consolider ». Il va sans dire que son ministère est ouvert au dialogue. Il consacre déjà le samedi de chaque mois à la réception des professionnels du secteur public. En contre-partie, la presse publique est appelée à s'améliorer pour pouvoir se frayer un chemin dans la place médiatique et faire face ainsi à la concurrence. Et d'ajouter : « Le travail sérieux c'est celui qui ne se fait ni dans la précipitation ni dans l'improvisation ». Si les directeurs de journaux sont contraints d'assurer une gestion rationnelle, les journalistes, eux, doivent faire preuve de compétence et surtout de responsabilité. « Un journaliste ce n'est pas celui qui travaille avec un tarif syndical, ni d'ailleurs celui qui croit être une encyclopédie. Le journaliste n'est surtout pas un administratif », a indiqué le ministre ajoutant que les clés de la réussite pour un journaliste sont « la modestie et la documentation continuelle ». Mohamed Saïd a beaucoup insisté sur la formation. « C'est le point faible de ce secteur. Nous avons pu relancer le fonds de soutien à la presse écrite en plus des 2% qui sont tirés des bénéfices des entreprises de presse », dira-t-il. Le ministre se dit pour une liberté d'expression, mais celle-ci doit être, insistera-t-il, associée au sens de la responsabilité. « La liberté d'expression ne veut guère dire écrire ce que nous voulons. Celle-ci est limitée par la responsabilité », a-t-il souligné, avant d'enchaîner qu'il est impératif « de trouver un équilibre dans une presse qui se respecte ». D'après le premier responsable du secteur, « l'esprit d'initiative est à encourager ». M. Mohamed Saïd a fait savoir que l'évaluation de la presse, non seulement publique, mais nationale est en cours et ses résultats seront pris comme référence pour l'élaboration d'une feuille de route. La communication institutionnelle en chantier Le ministre de la Communication concède qu'il y a un déficit en matière de communication institutionnelle. Il reconnaît que l'accès à l'information reste difficile pour la plupart des journalistes. Il a fait savoir qu'un travail a été lancé dans ce cadre par son prédécesseur au niveau de plusieurs ministères. Mohamed Saïd a promis d'y remédier précisant que « la communication institutionnelle est en chantier ». Le ministre a même proposé d'organiser un séminaire sur ce thème. Il justifiera, également, la réticence des institutions de l'Etat par la désorganisation de la corporation des journalistes. Selon lui, cette désorganisation est à l'origine de nombreux blocages. Il a déploré le fait que « les journalistes n'arrivent pas à élire leurs représentants pour l'élaboration de la carte nationale de journaliste ainsi que le statut des journalistes ou des membres pour la mise en place d'une autorité de régulation de la presse écrite ». S'agissant de la carte professionnelle de journaliste, le minsitre a exhorté les professionnels du métier à mieux s'organiser et de faire « des efforts pour pouvoir établir cette carte. Celle-ci aura un poids dans la mesure où elle est considérée comme étant une carte d'identité professionnelle. C'est un outil de protection pour le journaliste ». La corporation compterait, selon le ministre, 5 000 journalistes Lois sur la publicité, l'audiovisuel et le sondage en 2013 La première, dont la promulgation est prévue au plus tard au deuxième trimestre de l'année en cours, imposera à tous les organes de presse, privé et public, de ne pas dépasser le tiers du journal en matière de publicité. « Sur 24 pages, le journal a le droit de publier 8 pages seulement », a expliqué le ministre avant d'ajouter qu'« il ne s'agit pas d'étouffer les entreprises de presse. On donnera le temps nécessaire. La décision ne tombera pas tel un couperet », a-t-il dit avant de poursuivre que le « secteur public sera soutenu, c'est une décision politique ». Cependant, « le soutien de l'Etat est limité ». M. Mohamed Saïd a souligné que les trois lois sur la publicité, l'audiovisuel et le sondage seront prêtes au courant de l'année 2013. Celle relative à la publicité « devra être finalisée au premier semestre 2013 ». Pour pallier les insuffisances en matière de distribution, une proposition a été faite pour créer une société chargée de cette mission dédiée aux six journaux du secteur public.