Ils étaient présents hier au premier rang au cimetière des martyrs de la révolution à Chenoua, pour se recueillir à la mémoire de leurs compagnons de lutte tombés au champ d'honneur pour une Algérie libre débarrassée du joug colonial. Eux, ce sont les moudjahidine de la wilaya de Tipasa épuisés, certes, par le fardeau des ans, mais debout, vifs et se rappelant toujours des atrocités commises par les français durant la guerre de la révolution à l'encontre des Algériens. « 48 ans après l'indépendance, les stigmates de la sauvagerie coloniale restent toujours gravés dans ma mémoire. Je ne peux pas oublier, ni effacer de mes souvenirs l'effroyable politique d'extermination utilisée aveuglément par les français pour essayer de faire taire la révolution. Je ne leur pardonnerai jamais leurs actions dévastatrices qui n'ont épargné ni homme, ni animal. Même les arbres et la terre n'ont pas échappé à leur sauvagerie», se rappelle Bounihi, un Moudjahid de la wilaya IV. Le ressentiment qu'éprouve ce dernier, à l'instar des autres Moudjahidine présents, hier matin au carré des martyrs du chef-lieu de Tipasa pour célébrer le 48ème anniversaire de l'indépendance, à l'encontre du colonialisme français, puise sa substance dans les affres et souffrances qu'ont enduré les populations. En effet, dans la wilaya IV historique, plus précisément dans la partie ouest de l'actuelle wilaya de Tipasa, nombre de Moudjahidine se souvient encore des sinistres épisodes, d'extermination collective de civils algériens, sans moyens, en les brûlant vifs. Ces représailles, identiques à tout point de vue aux méthodes nazies, n'étaient pas des actions isolées. Pour le moudjahid Bounihi, à chaque fois que les moudjahidine s'attaquaient à l'armée coloniale dans les Djebels, celle-ci se vengeait sur les populations locales. «Dans un douars, ils ont réuni les habitants constitués en majorité de vieillards, de femmes et d'enfants de bas âges. Après les avoir encerclés ils, les ont enfumé comme on enfume des abeilles. La quasi majorité avait péri ce jour là », se remémore un Moudjahid. Hier à Tipasa et à l'occasion de la célébration de la fête de l'indépendance et de la jeunesse, le wali de Tipasa en compagnie des élus de la wilaya ainsi que les autorités civile et militaire, a baptisé l'avenue traversant la nouvelle cité administrative du chef-lieu de la wilaya, rue de l'indépendance. La célébration de l'évènement s'est poursuivie à la salle des conférences de la bibliothèque communale où a été donné le coup d'envoi officiel du 10ème festival national des arts plastiques scolaires. Cette manifestation qui a regroupé des délégations venant de 16 wilayas a débuté par une présentation théâtrale, au cours de laquelle les protagonistes ont retracé l'histoire de l'Algérie de 1930 jusqu'à aujourd'hui.