Le décalage entre la recherche scientifique et l'entreprise n'est un secret pour personne. La faute n'incombe pas seulement à l'entreprise qui se montre réticente à investir dans la recherche mais aussi au chercheur algérien qui ne sait pas comment vendre son produit. « L'entreprise ne fait pas confiance aux chercheurs. Elle préfère des produits finis, importés pour la plupart », a relevé, hier, Nadia Saoula, chercheuse à l'USTHB, lors d'un workshop de trois jours sur l'avancement de carrière des femmes scientifiques. Elle reconnaitra que, malgré les compétences que recèle le pays, il y a des lacunes flagrantes dans la vente des produits de recherche. « Ces lacunes ne sont pas propres aux femmes chercheurs algériennes. Aux Etats-Unis et en Europe, ce n'est que récemment que les chercheurs sont coachés et suivis par des mentors », indique Nora Berrah, physicienne à l'université de Michigan et membre de l'association des femmes ressortissantes algériennes aux Etats-Unis. Ce coaching, qui consiste à suivre la formation des chercheurs, est inexistant en Algérie. « Pourtant, les doyennes universitaires et dans la recherche ne manquent pas. Elles se disent même prêtes à assurer la fonction de mentor pour peu qu'on les sollicite. En0 fait, il y a un manque flagrant dans la communication qui empêche l'établissement de liens entre les cadres supérieurs et les débutants, en dehors des classes », constate-t-elle lors de cette rencontre organisée à l'initiative de l'USTHB et la DGRSDT (Direction générale de la recherche et du développement technologique). Le but de ce workshop, soutient-elle, c'est d'outiller les femmes chercheurs pour qu'elles puissent vendre leurs produits, créer leurs entreprises et contribuer ainsi au développement de l'économie nationale. « En même temps, ces outils leur permettent de faire avancer leur carrière, leur montrer comment rédiger un CV, des publications, comment attirer l'attention des entreprises. Mais surtout les encourager à créer leurs propres sites web dans lesquels ils doivent se présenter, démontrer leurs compétences. Il faut se vanter. C'est ainsi qu'on décroche un poste ou un financement pour lancer de nouvelles recherches, qu'on vende un produit », assure-t-elle. « Or, déplore-t-elle, toutes les femmes présentes à cet atelier n'ont pas de site web ». « L'Algérie dispose de tous les moyens et des compétences dont elle a besoin mais leur exploitation reste mal organisée. Il faut faire des efforts dans ce sens », conclut Mme Berrah qui dirige ce workshop en tant que mentor.