80% des commerçants exerçant dans le marché de gros des produits alimentaires de Semar activent dans l'informel. Parmi les 800 commerçants que recense ce marché, 200 seulement ont un registre du commerce, a affirmé, hier, un commerçant activant dans ce marché lors d'une rencontre au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Le marché de Semar, indique pour sa part Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, enregistre le taux le plus élevé en matière d'évasion fiscale. « Ce sont seulement les 200 commerçants qui ont un registre du commerce qui payent les impôts. Ce qui est injuste », confie le commerçant de Semar en reconnaissant être tenté de basculer dans l'informel. En plus des impôts, les commerçants légaux et illégaux de Semar payent des loyers faramineux : 250 000 dinars pour 2012 contre 200 000 DA en 2011. « Mais ce qu'il faut savoir, c'est que, chez le notaire, 20 000 DA seulement sont déclarés. La différence est payée cash par les locataires », explique Keiri Saâd, président de l'association du marché de gros d'El Harrach en précisant que le loyer, au niveau de ce marché, ne dépasse pas les 3,5 millions/mois. Par ailleurs, malgré le caractère informel du marché de Semar et les loyers trop élevés qui y sont pratiqués, il jouit d'un avantage que les autres marchés de gros de la capitale n'ont pas. Il est permis, en effet, aux commerçants de ce marché de recevoir les camions de plus de 2,5 tonnes alors que le règlement ne le permet pas pour les autres marchés de gros. « En 2007, une décision de wilaya a interdit l'entrée des poids lourds dans les marchés de gros implantés dans les zones urbaines. La décision a été appliquée sur l'ensemble des marchés de gros de la capitale, à l'exception de Semar », rappelle M. Saâd, en appelant la wilaya à annuler cette décision ou l'appliquer partout. C'est le wali délégué de Bir Mourad Raïs, souligne-t-il, qui a permis au marché de Semar de faire abstraction de cette décision. Et ce, sous prétexte d'éviter le mouvement de grève que les commerçants de ce marché s'apprêtaient à observer en guise de protestation contre cette décision. « Ce wali délégué appréhendait cette grève car, selon lui, elle aurait perturbé le réseau de distribution des produits alimentaires au niveau de la capitale. Ce qui est erroné car le marché de Semar ne représente que 20% de la distribution », signale-t-il. Les seuls marchés de gros qui répondent aux normes au niveau d'Alger sont ceux des fruits et légumes des Eucalyptus, l'abattoir de Ruisseau et celui de l'agroalimentaire d'El Harrach, récemment construit », révèle-t-il. Ce dernier d'ailleurs devait accueillir 70 commerçants de Semar dans le but de mieux organiser l'activité commerciale dans les marchés de gros. « Mais une dizaine seulement de ces commerçants ont rejoint le marché d'El Harrach. Mais ce marché n'est pas rentable pour eux vu la rareté des clients », conclut-il.