Les commerçants qui exercent dans l'illégalité et les propriétaires qui leur louent leurs locaux sont derrière le marasme que connaît le marché de gros de Semar. Des commerçants du marché de gros de produits agroalimentaires de Semar (Gué de Constantine) exercent dans l'illégalité. «Plus de 200 commerçants travaillent sans registre du commerces ou avec un faux registre», révèle le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Plus de 700 commerçants exercent actuellement dans cet espace de vente situé à l'est d'Alger, toléré par les autorités. Devant la pression des commerçants, le wali délégué de Bir Mourad Raïs est revenu sur sa décision, prise au début du mois de novembre, d'interdire l'accès aux camions de 2,5 tonnes à l'intérieur des quartiers. Selon l'Ugcaa, les marchands qui sont en infraction avec la réglementation sont dernière le mouvement de protestation. «Les commençants illégaux ont fait pression sur l'administration qui a fini par revenir sur sa décision. Les gens qui exercent dans l'illégalité la plus totale, épaulés par les propriétaires des locaux, ne veulent pas que l'activité soit complètement assainie et les opérateurs délocalisés vers les marchés de gros d'El Harrach et Kherouba à Boumerdès. Les gens qui louent des espaces à 10 et 20 millions de centimes auront beaucoup à perdre si la décision de délocaliser le site est prise et vite appliquée», relève le porte-parole de l'Ugcaa. Pour l'Union, la délocalisation du marché réglera le problème de l'augmentation frénétique des prix. «Les pouvoirs publics doivent avoir le courage de reconnaître que Semar est le plus gros marché d'agroalimentaire informel du pays. Il suffit d'une perturbation pour que les détaillants ne trouvent plus où s'approvisionner et que les prix des produits augmentent. Les marchés de détail ont été délocalisés, il doit en être de même de ce marché de gros qui s'est trouvé en situation de monopole. Les pouvoirs publics qui régleront le problème de ce marché régleront de facto le problème du dérèglement du marché des produits agroalimentaires», estime M. Boulenouar, qui réclame une enquête sur l'activité commerciale à Semar. Le ministère du Commerce a aménagé un marché à El Harrach qui dispose de 112 locaux. L'Ugcaa, qui soutient le démantèlement de Semar, a rejeté la décision de transférer les marchands vers le site d'El Harrach, situé «au milieu des habitations et à proximité de l'hôpital Zmirli». Le marché de Kherouba, installé sur une superficie de 17 hectares, serait le mieux adapté. «Il est situé à 2 km de l'autoroute et dispose de 549 locaux. Il a aussi deux entrées et quatre sorties», précise M. Boulenouar. Cette proposition ne semble pas agréer les autorités de la wilaya de Boumerdès : le Centre national du registre du commerce (CNRC) ne délivrerait pas de registres aux commerçants : «on prétexte que la situation administrative du marché n'est pas réglée». Le retrait de l'arrêté d'interdiction d'accès des camions de 2,5 tonnes a créé «un malaise» dans les autres marchés de gros et de demi-gros où la décision est appliquée. «Les commerçants des autres marchés de gros et de demi-gros de Jolie-Vue de Kouba, de Chéraga et Belfort, qui se sont rapprochés de moi, veulent la levée de la décision d'interdiction des camions qui est appliquée uniquement dans leur quartier», relève le porte-parole de l'Ugcaa.