Les dissidents annoncent la création, à l'issue « de plusieurs jours de débats et de concertation », du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA). Composé exclusivement de Maliens, ce mouvement affirme vouloir négocier avec le gouvernement malien. « Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu'il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d'extrémisme et de terrorisme et s'engage à les combattre », affirme dans un communiqué Algabas Ag Intall, l'envoyé d'Ansar Dine en décembre dernier à Ouagadougou pour négocier avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. Cet homme, qui demande aux forces franco-maliennes « l'arrêt des hostilités » dans les régions de Kidal et Ménaka (nord-est) , et ce pour créer un climat de paix qui « va nous permettre d'aller vers l'établissement d'un dialogue politique inclusif », est, selon plusieurs spécialistes du Sahel, un des rares à pouvoir rallier à sa démarche le Mouvement national de libération de l'Azawad. Il est, soulignent-ils, le fils et successeur désigné de Intalla Ag Attaher, l'autorité spirituelle de la tribu des Ifoghas, l'une des plus grandes de la région de Kidal. Comme Mohamed Ag Arib, l'ancien porte-parole d'Iyad Ag Ghali, qui fait aussi défection ce week-end, il espère modifier les rapports de force politiques sur le terrain. De son côté, le MNLA, qui s'est allié en mars 2012, c'est-à-dire lors du coup d'Etat militaire, aux terroristes d'Ansar, d'al-Qaïda au Maghreb islamique et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, pour conquérir les 3 grandes villes du Nord (Tombouctou, Kidal, Gao), a annoncé, lui aussi, lundi dernier sa disponibilité à « aider » l'armée française. Comment ? En faisant le « travail au sol » contre les terroristes. Une offre qui a reçu une fin de non-recevoir à Bamako. « D'un point de vue militaire, je pense que le MNLA n'existe plus », affirme Tieman Coulibaly, le ministre malien des Affaires étrangères. Et celle du MIA ? Trop tôt pour le dire », estiment les Maliens. « On ne peut pas exclure l'hypothèse d'une scission opportuniste », estime Jean-Louis Bruguière, le juge français. En attendant la réponse à cette « offre », la guerre livrée aux groupesterroristes continue. A Abidjan, les 15 chefs d'état-major ouest-africains prévoient de se retrouver aujourd'hui pour « évaluer l'état du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali », selon un communiqué de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. A Addis-Abeba, cette question dominera les travaux du 20e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine qui s'ouvrira demain. A New York, les agences humanitaires onusiennes mettent en garde contre la prochaine crise dans le Nord du Mali : les pénuries alimentaires. Selon IRIN, une des agences de l'ONU, les importations de produits alimentaires (riz, semoule, huile et lait) ont baissé de 50% et leur prix a enregistré une hausse de 120%.