Le président burkinabè, Blaise Compaoré, a reçu, hier, ensemble pour la première fois Ansar Eddine, l'un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, et la rébellion touaregue du MNLA, pour faire avancer une solution négociée à la crise malienne. Le Médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), M. Compaoré a accueilli peu avant midi au palais présidentiel à Ouagadougou une délégation d'Ansar Eddine et une du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), alors que se prépare parallèlement une intervention armée africaine dans le nord du Mali, qui attend l'aval de l'ONU. Ansar Eddine a envoyé sept émissaires, emmenés par Algabass Ag Intalla, élu du Nord malien et haut cadre du groupe. La délégation du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) compte neuf personnes et est conduite par son secrétaire général Bilal Ag Achérif. Ce rendez-vous marque un tournant. Le Burkina Faso discute séparément depuis plusieurs mois avec Ansar Eddine et le MNLA. Il cherche à obtenir que ces deux groupes rivaux, qui ont eu depuis plusieurs jours dans la capitale burkinabè des discussions informelles, s'entendent sur une plateforme commune de revendications pour ensuite négocier avec le pouvoir malien de transition. Le nord du Mali est occupé depuis avril par Ansar Eddine, mouvement essentiellement composé de Touareg maliens, et les jihadistes surtout étrangers d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Ils y appliquent de façon stricte la charia, pratiquant notamment lapidations et amputations, et commettent de nombreuses exactions et des destructions de mausolées. Ansar Eddine a multiplié les concessions ces derniers jours, renonçant notamment à imposer la charia à tout le Mali, sauf dans son fief de Kidal (nord-est). Rébellion touaregue laïque, le MNLA a été évincé de la région par les islamistes avec lesquels il avait défait l'armée malienne début 2012, mais reste considéré comme un acteur-clé d'une solution négociée. Il est redevenu un interlocuteur légitime pour la communauté internationale en renonçant à ses ambitions sécessionnistes et ne plaide plus que pour l'autodétermination du nord du Mali (Azawad).