Le nouveau directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel et Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales ont animé hier en marge de la cérémonie d'installation du DGSN une conférence de presse. A propos de son discours dont les contours avaient une allure « d'instructions » adressées au nouveau patron de la DGSN, Ould Kablia répondra en disant que le ministre est constitutionnellement responsable de l'ordre public et il est même le tuteur légal de la gestion de la sûreté nationale. «Les orientations que j'ai données ne sont pas des instructions parce que je lui laisse toute la liberté de manœuvre pour assumer sa responsabilité en tant que directeur général de la Sûreté nationale, mais il est de mon devoir également non seulement en tant que ministre mais en tant qu'aîné de lui donner quelques orientations et exposer aussi bien pour lui que pour l'ensemble des cadres ma vision de ce que doit être le rôle d'une institution aussi importante dans la stabilité de l'ordre du pays ». LE STATUT PARTICULIER DE LA POLICE EFFECTIF AVANT LA FIN DE L'ANNÉE Interrogé sur la manière dont seront traitées les préoccupations de ce corps, le ministre fera savoir que le statut particulier de la police est en discussion avec la direction de la fonction publique et non pas au niveau de l'Assemblée populaire comme rapporté par certains journaux. « Il sera effectif avant la fin de l'année », a-t-il dit en précisant qu'il s'agit d'un acte administratif qui relève uniquement de l'Exécutif. Ce texte va être adopté par décret exécutif mais la direction de la fonction publique a son mot à dire, comme c'est le cas pour tous les statuts spécifiques, ajoute le ministre qui fait savoir sur sa lancée que l'organigramme sera aussi revu, étant donné qu'il date de 1992. M. Ould Kablia estime qu'il est nécessaire de le repenser et de l'adapter à la situation nouvelle. Concernant l'affaire de l'assassinat du défunt Ali Tounsi, le ministre de l'intérieur refuse tout commentaire sur cette question, cela par le fait que le dossier soit entre les mains de la justice et l'enquête suit son cours. Concernant les rémunérations des agents de la sûreté nationale, le ministre considère que la question ayant trait aux salaires ne doit pas être « une décision anarchique ». Il faut le faire, indique-t-il, dans un cadre légal qui est le statut particulier de la police. Celui-ci devra répondre à toutes les préoccupations posées, tout en tenant compte, bien évidemment, des « spécificités de cette fonction ». RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX, «UN PROBLÈME DE PERSONNES ET NON PAS DE STRUCTURES» A propos de la réhabilitation des Renseignements généraux (RG), souligné dans son discours, M. Ould Kablia précise qu'il s'agit d'une des missions essentielles de la Sûreté nationale. « On ne peut pas agir si on ne connaît pas tout. Ce qui fait que les cadres de la Sûreté nationale ont le devoir d'être informés mais aussi d'informer ». «Il y avait un problème de personnes et non pas de structures ou de mission au sein des RG », précise-t-il et d'ajouter : «Nous voulons savoir qu'elles sont les préoccupations des citoyens pour que nous puissions agir de manière adéquate ». M. Ould Kablia a beaucoup insisté sur le comportement des agents de la Sûreté vis-à-vis des citoyens, en mettant l'accent sur le développement des valeurs morales, intellectuelles et humaines chez l'agent public. « Il faut agir dans la proximité mais surtout dans le respect des règles et des principes de déontologie. J'ai discuté avec le DGSN sur ce point sur la nécessité d'avoir comme priorité de combattre tous les comportements inadéquats pouvant émaner des agents de l'ordre », indique-t-il. A la question sur le choix d'un DGSN qui n'est pas du domaine, le ministre estime que « c'est en fonction de l'importance et de la place de la hiérarchie du pouvoir politique que ce choix a été pris. Je ne peux pas imposer une candidature au président de la République. C'est lui qui est habilité à désigner les hauts cadres de la nation. Ce choix a été fait en toute connaissance de cause. Le chef de l'Etat a pris le temps nécessaire pour décider. Et personnellement je suis content du choix de cet homme que je connais depuis longue date. Il ne vient pas de l'armée pour être son représentant, mais il vient comme responsable d'une institution de sécurité qu'il devra gérer comme les autres institutions de l'Etat ». M. Ould Kablia attribuerait-il de nouveaux agréments pour les partis qui attendent depuis des années ? Le ministre répondra que le problème des agréments des partis politique est « un problème politique qui se traite dans un cadre politique ». « Le ministère de l'Intérieur n'a pas traité cette question uniquement sur un plan administratif. Lorsque les conditions politiques seront réunies, des ouvertures de cette nature seront faites. Je n'ai pas personnellement à décider ou à influer sur ces décisions. Ceci dit, je pense que dans la feuille de route du ministère, il est prévu le réexamen d'un certains nombre de lois anciennes telles que la loi des associations, des partis politiques, la loi sur le régime électoral. Toutes ces lois vont être revisitées et après nous répondrons aux désirs de ceux qui souhaitent créer des partis ou des associations en fonction des nouvelles dispositions de ces textes ». « NOTRE SOUCI C'EST DE PRÉSERVER LA CAPITALE », Invité à se prononcer sur les derniers attentats terroristes au sud et à M'sila, le ministre indiquera que le terrorisme n'est pas éradiqué en totalité. Il est contenu, combattu, réduit mais cela ne peut jamais empêcher qu'il y ait des actions d'éclats qui cherchent en particulier la médiatisation, et à paraître comme des activités toujours présentes. «Notre effort se porte plus particulièrement sur la capitale. Je partage la préoccupation des citoyens qui se plaignent des barrages très lourds à l'entrée de la ville. Je dis qu'ils sont obligatoires, dissuasifs parce qu'ils sont bien équipés. Notre souci c'est de préserver la capitale, conjointement avec d'autres structures comme l'armée et la gendarmerie nationale ». Pour sa part, le nouveau DGSN a déclaré que ses priorités s'articuleront essentiellement autour de la formation, la réorganisation, le développement et la modernisation des méthodes de travail de ce secteur. A-t-il imposé des conditions avant d'accepter ce poste ? Il dira : « Je suis un commis de l'Etat et je n'ai pas de conditions à imposer ».