Les deux figures de proue de l'opposition égyptienne, ElBaradei et Sabbahi, membres du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition laïque, opposée au président de la République, Mohamed Morsi, connaîtront-ils le même sort tragique que l'opposant tunisien Chokri Belaïd ? Le ministère de l'Intérieur égyptien a renforcé la sécurité autour de leurs domiciles après la publication d'une fetwa par un religieux radical, Mahmoud Shaâban, appelant à tuer les dirigeants du FSN, sur la base d'« arguments » religieux. Un autre extrémiste, Wagdi Ghoneim, a appelé les musulmans à « tuer les voyous, les criminels et les voleurs qui brûlent le pays ». Craignant que cet appel au meurtre n'ouvre la voie au terrorisme, le chef de l'Etat a dénoncé, jeudi, via un communiqué, un acte de « terrorisme » non sans s'en prendre à ses adversaires politiques. « Certains encouragent la violence politique et d'autres disant parler au nom de la religion permettent de tuer sur la base de différences politiques, cela est du terrorisme », a-t-il résumé. Le Raïs a réaffirmé son « rejet total des discours de haine qui prétendent faussement s'appuyer sur la religion et avec lesquels la religion n'a rien à voir ». Il appelle toutes les forces de la nation, les institutions religieuses et les personnalités du monde intellectuel à « présenter un front uni face à ces propos inacceptables et ces incitations à la haine ». L'institut de recherche islamique d'Al Azhar prévient. « De tels édits pourraient conduire à la sédition et au désordre », écrit-il. M. ElBaradei s'était insurgé, mercredi, contre la lenteur du gouvernement à réagir à la fetwa édictée contre lui. Ses partisans et d'autres manifestants se sont rassemblés, hier, à la place Tahrir au Caire et dans plusieurs des 27 provinces, à l'appel de trente-huit formations de l'opposition pour dénoncer cet « appel » au meurtre. Les protestataires réclamaient aussi un gouvernement d'union nationale, des amendements à la Constitution rédigée par une commission dominée par les islamistes, et des garanties pour préserver l'indépendance du pouvoir judiciaire.