Le traitement de l'anémie chez les insuffisants rénaux a suscité un riche débat lors de la journée scientifique organisée jeudi à l'hôtel Shératon par la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation ayant pour thème : « Optimisation du traitement de l'anémie au cours de l'insuffisance rénale chronique ». Les participants ont mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la prise en charge des malades en facilitant l'accès aux soins, en assurant la disponibilité des médicaments et le développement de la transplantation. Ils sont unanimes à interpeller les autorités publiques à mettre à disposition les médicaments indispensables en faveur des insuffisants rénaux, notamment l'érythropoïétine et le fer injectable. Une thérapie qui offre une meilleure qualité de vie, surtout qu'avant la mise sur le marché de l'érythropoïétine, a-t-on expliqué, le traitement de l'anémie était constitué de transfusions sanguines avec les risques qui les accompagnent : infections, surcharge en fer, sensibilisation HLA. L'utilisation de l'érythropoïétine permet de corriger ces anémies sans avoir recours aux transfusions. Ces deux médicaments sont, selon les spécialistes, vitaux pour les insuffisants rénaux qui doivent les prendre à vie. En outre, ce type de traitement prépare les patients à d'éventuelles greffes de rein. Le coût du traitement à l'érythropoïétine, non remboursé par la CNAS, précise-t-on, s'élève à 2000 DA par mois, soit un traitement qui atteint les 150 000 à 200 000 DA par an, une facture insupportable pour les malades. « Seuls 10 à 15% des insuffisants rénaux en bénéficient », regrette-t-on. Interpellé par un malade suite à son intervention, Mme Bougrine de la CNAS a promis que l'érythropoïétine sera portée sur la liste des médicaments remboursables en précisant que ce remboursement se fera selon les cas, et ne saurait être généralisé avant de signaler que les insuffisants rénaux de 42 centres du secteur public et de 57 autres relevant du privé sont pris en charge par la CNAS. Le professeur Attik, membre de la Société algérienne de néphrologie a, pour sa part, regretté la cessation d'importation de fer injectable, vital pour traiter l'anémie qui touche tous les insuffisants rénaux. Ce qui peut entraîner à la longue des complications dévastatrices, dont les maladies cardiovasculaires. Le Dr Ben Sam de l'hôpital de Batna a mis l'accent sur l'aspect de la prévention du diabète et la sensibilisation à cette maladie dont le diagnostic tardif est souvent à l'origine de l'insuffisance rénale. Il a souligné l'impératif de consolider la formation en la matière car l'enseignement actuel reste insuffisant. Concernant les greffes d'organes, les intervenants ont indiqué que les dons entre vivants sont autorisés par les familles des patients dans le cadre de la loi en vigueur, espérant qu'une telle pratique devienne une culture chez les Algériens pour parvenir au prélèvement d'organes sur des morts. Le développement de la transplantation ne peut être promu sans l'amélioration des textes de loi qui sont encore restreints. Actuellement, la greffe du rein, qui n'est pratiquée que dans dix hôpitaux universitaires à l'échelle nationale, est régie par une loi très restrictive, notamment en matière de don d'organes. Lequel n'est permis que pour les ascendants et descendants. Chose qui ne résout pas souvent le problème pour un receveur ou pour constituer une banque de données. A noter que 200 opérations sont prévues pour cette année. En dépit d'une assez bonne couverture nationale en matière d'hémodialyse et avec 200 greffes par an, il reste encore beaucoup à faire pour répondre à une liste d'attente de 3000 insuffisants rénaux auxquels s'ajoutent 2800 nouveaux cas par an, estiment les spécialistes. Près de 300 néphrologues exerçant dans le pays et 200 autres à l'étranger prennent en charge quelque 10 000 insuffisants rénaux traités dans 150 centres, parmi lesquels 358 présentant une insuffisance chronique ont subi une greffe de rein. Le débat sur les nouvelles thérapies a été également axé sur la réglementation européenne en matière d'enregistrement des médicaments biosimilaires qui sont des molécules inspirées du principe actif d'une biotechnologie (production de médicaments par génie génétique ou à partir de cellules ou d'organismes vivants). Une réglementation selon le Pr Prugnaud de l'hôpital Saint-Antoine de Paris, qui exige des études cliniques supplémentaires menées sur un certain nombre de patients et pendant une durée suffisante, conformément aux recommandations en vigueur. Comme il est impératif de présenter des études de comparabilité avec le produit princeps, a souligné le Pr Prugnaud.