De tonic emballage à Tonic industrie, cette nouvelle identité n'est pas uniquement une histoire de changement de nom. C'est aussi un nouvel état d'esprit, une nouvelle vision basée sur la trinité : réagir vite, adopter une démarche de qualité et réussir du premier coup. L'Alpha et l'Omega de sa nouvelle stratégie demeurent la récupération de sa place de leader de l'industrie de papier au niveau national. Pour cela, l'usine possède tous les atouts. C'est d'abord un complexe aux potentialités de production énormes. Véritable tissu industriel, « le mastodonte » est composé d'une dizaine d'unités de production. Tonic industrie active dans les filières de la récupération, la production de papier sanitaire, de papier pour carton ondulé et dans les domaines de la transformation que sont la caisse carton ondulé, le sac petite et moyenne contenances, la boîte pliante, les gobelets. Bref, il s'agit de l'impression et fabrication d'emballages en papier et carton pour plusieurs types d'industries (agroalimentaire, pharmaceutique, électroménager, céramique, détergents). Implanté sur 45 hectares, sur les hauteurs de Bou Ismaïl, le groupe produit 320.000 tonnes par an tous articles confondus. DIRECTION... PAS QUESTION DE DECEVOIR Dès la reprise en main de l'entreprise en 2011, la nouvelle direction a commencé à gommer « les effets désastreux » de l'ancienne gestion privée, héritée de l'époque de Tonic emballage. Une gestion caractérisée par un manque flagrant d'organisation, une absence remarquable de réglementation interne de gestion et l'inexistence d'une grille de salaire harmonieuse. Ce climat a créé une injustice dans le système de rémunération qui a altéré gravement l'appareil de production. C'est pourquoi l'année 2012 a été exclusivement consacrée à la remise à niveau de l'ensemble du système de gestion avec comme priorité l'investissement dans la formation des ressources humaines et la mise à niveau de l'outil de production. Une fois ce chantier achevé, le groupe tentera d'instaurer un climat favorable à l'amélioration des performances et, par ricochet, remettre sur rails l'entreprise. Ainsi, Tonic Industrie vise à doubler son chiffre d'affaires pour atteindre 6 milliards de dinars cette année contre 3 milliards de dinars en 2012. Le P-DG du groupe, Mustapha Merzouk, est catégorique : « Il n'est pas question pour nous de décevoir les autorités qui ont injecté beaucoup d'argent pour sauver l'entreprise. Le groupe est tenu aujourd'hui par l'obligation de résultats ». Il insiste à ce que la nouvelle feuille de route soit imprimée dans les mœurs et pas seulement sur le papier. M. Merzouk a pris soin d'annoncer également la réception, au plus tard à la fin du premier semestre, d'une station d'épuration d'eau, l'adduction d'eau des unités de l'entreprise à partir de la station de dessalement de Fouka ainsi que l'installation d'une ligne électrique. Le retard accusé dans la réalisation de ces projets capitaux est dû, selon le premier responsable du groupe, aux sociétés chargées de la réalisation. « Les entreprises à qui nous avions confié les projets ont connu un certain nombre de difficultés de changement de staff de direction, de problème d'autorisation de passage, de changement d'itinéraire pour l'adduction d'eau. C'est autant de facteurs qui ont fait qu'il y ait un glissement de planning », a-t-il justifié. Tonic Industrie veut aussi nouer des partenariats avec des entreprises étrangères, histoire de s'approprier une dimension internationale. Un accord portant sur la récupération de vieux papiers a été conclu récemment entre la SGP-Gephac et Saica Papers à travers un partenariat entre Tonic industrie, Gipec et le partenaire espagnol. Une démarche qui permettra d'optimiser l'activité de récupération en portant dans les prochaines années sa capacité à 300.000 tonnes par an sur un gisement de 450.000 tonnes. RENAISSANCE ET RECONNAISSANCE Du côté des travailleurs, la décision des autorités de donner une « seconde vie » à l'entreprise est saluée sur tous les tons. Qui mieux, pour avoir vécu et avoir été un fonctionnaire sous les ordres des deux directions, que Ammi Moh, sexagénaire, chauffeur d'engin, pour raconter les conditions de travail avant et après le reprise par l'Etat de l'entreprise. « Il n'y a pas lieu de faire de comparaison. L'ancienne gestion était caractérisée par des anomalies flagrantes : des disparités salariales, des primes octroyées selon des critères subjectifs sans parler de l'absence de toute définition de postes de travail. En un mot, c'était l'anarchie », se souvient-il. Le présent ? « Aujourd'hui, les choses ont progressé d'une manière significative. Les disparités salariales sont toutes ou presque éliminées. La direction a mis tous les moyens pour améliorer les conditions de travail des travailleurs. Il y a moins d'épines ». Pour cet agent de sécurité, il est inutile d'établir une comparaison entre la gestion actuelle et l'ancienne qui a mené à la faillite. « Une fermeture de l'entreprise aurait provoqué, dit-il, des conséquences fâcheuses, notamment la perte des emplois. Il faut savoir que Tonic est composé de travailleurs venus de la région mais aussi des quatre coins de l'Algérie ». L'entreprise emploie environ 2.700 travailleurs, majoritairement jeunes. Raison pour laquelle l'agent de sécurité souligne qu'il faut rendre d'abord hommage aux autorités qui n'ont pas lâché le groupe et ensuite à la direction qui ne lésine pas sur les moyens pour améliorer la situation socioprofessionnelles et la productivité. Sur le visage de Mohamed Ali Fayçal, une expression de détente se dessine. Pour cet employé au niveau du département des œuvres sociales, « il faut rendre un grand hommage à l'Etat qui, par sa décision de reprendre le complexe, a pu remettre Tonic à flot après avoir touché le fond ». Mêmes impressions du côté du syndicat, entité affiliée à l'UGTA. Son président, Farid Zerrarki, affiche son entière satisfaction par rapport au climat social de l'entreprise. Il annonce que 90% des revendications des travailleurs ont été prises en charge. Il affirme que la majorité des employés a obtenu des augmentations salariales satisfaisantes. Des avancées considérables ont été enregistrées dans, entre autres, la mise en place d'un règlement intérieur, la régularisation des niveaux de salaires, la mise sur pied d'un nouveau organigramme. « Il ne vient à l'esprit de personne de nier les acquis obtenus par le syndicat tant les choses se sont déroulées dans la transparence absolue. La direction s'est montrée très disposée à résoudre tous les problèmes sans exclusion aucune », souligne-t-il. La décision de l'Etat de reprendre Tonic emballage et de le transférer à la SGP-Gephac sous l'appellation du Tonic Industrie a été prise lors de la réunion du conseil des participations de l'Etat (CPE) en janvier 2011. Le capital de cette société était, à sa création, de 1 million de dinars. Deux mois après, il a été augmenté à 30 millions de dinars. Le P-DG du groupe annonce, d'un ton empreint de fierté, que tous les indices prêtent à l'optimisme. Il parle même d'un géant qui se réveille. Il est vrai que Tonic Industrie n'a pas les allures d'un géant aux pieds de .... « papier ».