Après avoir menacé de rendre le tablier en cas d'échec de son projet de former un gouvernement de technocrates, le Premier ministre tunisien, Hamad Jebali, est revenu à de meilleurs sentiments. Il a annoncé, vendredi soir, à l'issue d'une rencontre avec des chefs de parti, la tenue, demain, de nouveaux pourparlers autour des personnalités qui formeront sa nouvelle équipe. « Il y a une évolution et des progrès sur tous les point soulevés (...). C'est pour cela que nous avons décidé de poursuivre les discussions lundi (demain : ndlr) », a-t-il déclaré laissant entendre, par-là, la possibilité d'un compromis, notamment avec son propre parti Ennahda qui, après s'être farouchement opposé à un cabinet apolitique, plaide, aujourd'hui, pour une équipe mixte (politiques et technocrates). Confronté à une grave crise interne, le parti de Rached Ghanouchi (dont le Premier ministre est le numéro deux) tente de défendre ses « acquis ». Plusieurs de ses militants ont défilé hier, et pour la seconde fois en moins d'une semaine, dans les rues de la capitale pour « défendre sa légitimité à diriger la Tunisie ». La fragilité politique actuelle du parti islamiste, aggravée par le « conflit » sous-jacent opposant Ghanouchi à Jebali, risque de s'étendre à d'autres structures. Le président de la Ligue de protection de la révolution (LPR), Mohamed Maalej, un groupe accusé d'être une milice liée à Ennahda, a démissionné, hier, afin de former un parti politique. La LPR, créée en mai 2012 pour « défendre les acquis de la révolution », plaide pour la mise à l'écart de toutes les figures associées de près ou de loin à l'ancien régime et a pour bête noire le parti d'opposition Nidaa Tounès, dont le chef est Béji Caïd Essebsi. L'organisation est contestée par une large frange de la classe politique tunisienne et de nombreuses ONG qui appellent depuis des mois à sa dissolution. Une mesure bloquée par Ennahda et le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki. Selon des médias tunisiens et des opposants, cette organisation fait partie des suspects dans l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février, un crime qui a plongé la Tunisie dans sa plus grave crise depuis la révolution de janvier 2011.