Ça passe ou ça casse ! Imperturbable, le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, entend mener à bon terme son initiative de former un gouvernement apolitique dont l'annonce du succès ou de l'échec devrait être connue aujourd'hui. « Je veux mener cette initiative jusqu'au bout », a-t-il fait savoir, jeudi, en marge de ses tractations avec les partis politiques, dans l'espoir de gagner le maximum de soutiens pour « faire sortir le pays de la crise ». Mais la tâche n'est pas aisée. Malgré le soutien de quelques poids lourds de la scène politique, à l'image d'Ettakatol, du président de l'Assemblée nationale constituante (membre de la Troïka au pouvoir) ou encore de Béji Caïd Essebsi, ex-Premier ministre, et leader du Front de l'opposition (Nidaa Tounes), sans parler de la puissante centrale syndicale, l'Union générale tunisienne du travail, du patronat et d'organisations de la société civile, la posture de M. Jebali demeure fragile. Confronté à la farouche opposition de son propre parti, Ennahda (dont il est pourtant le numéro deux), qui domine l' ANC et celle du Congrès pour la République (CPR), du président de la République, Moncef Marzouki, le Premier ministre menace de démissionner en cas d'échec. « C'est la proposition que je fais pour le pays et la responsabilité de son succès ou de son échec incombera aux partis », a-t-il presque averti refusant de plier devant le « marchandage » politique. Selon lui, les critères pour faire partie de ce gouvernement sont « la non-appartenance à un parti politique, l'engagement à ne pas se présenter aux prochaines élections, la compétence et la non hostilité à la révolution ». La détermination de M. Jebali à former un cabinet de technocrates est à la mesure de la volonté de son camp politique à faire échouer toute tentative qui remettrait en question sa domination sur la scène politique. Les militants d'Ennahda, ont prévu, aujourd'hui, une grande manifestation à Tunis pour défendre leur « légitimité » à diriger le pays qui connaît le plus grave conflit politique depuis la révolution de janvier 2011. Néanmoins, sous la pression de l'opinion publique, l'idée d'un compromis n'est pas à écarter. Le parti de Rached El Ghannouchi qui plaide, avec le CPR, pour un gouvernement mixte (technocrate et politique) serait prêt à céder les ministères de souverainetés aux technocrates.