Si aujourd'hui le prix du poulet connaît une relative baisse, ça ne sera pas le cas durant les mois à venir. La volaille coûtera plus cher, d'après Khemissi Djebablia, gérant d'un abattoir avicole et éleveur. Rencontré au niveau de la grande exposition de l'agriculture et du développement rural qui se déroule au Palais des expositions, Pins maritimes, il a fait savoir qu'il y a actuellement une surproduction qui s'est répercutée sur les prix de vente. Le poulet est cédé actuellement à 130 DA le kg par les aviculteurs. En l'espace d'un mois, le prix a ainsi baissé de 200 DA. L'adage qui dit « le bonheur des uns fait le malheur des autres » trouve sa vraie signification dans ce genre de situation. En clair, M. Djebablia a expliqué que « lorsque le prix du poulet baisse, le consommateur en sera le seul bénéficiaire. L'éleveur par contre est perdant dans l'affaire ». Ce qui signifie que quand il y a une surproduction, la marge bénéficiaire de l'éleveur diminue. « L'éleveur ne peut garder sa production. Il est obligé de la vendre pour minimiser ses pertes », souligne l'aviculteur indiquant que « le prix de revient moyen englobant toutes les charges est estimé à 220 DA/kg alors que le produit est cédé au consommateur entre 180 et 220 DA selon les régions. En principe le prix ne doit pas être en dessous de 400 DA/kg », estime M. Djebablia. Conséquence : la plupart des éleveurs font face à des difficultés financières. C'est pour cette raison que le Comité interprofessionnel de la filière avicole (Cifa), qui s'est réuni, hier, avec l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes, a appelé les abattoirs à absorber les surplus de production des viandes blanches et ce, pour éviter des pertes aux éleveurs suite à la chute des prix sur le marché. Le Cifa a proposé de fixer les prix du produit fini entre 250 et 300 DA. Il convient de noter que la baisse des prix est due en partie aux mesures prises par l'Etat l'été dernier en faveur de la filière avicole notamment la suppression de la TVA sur les matières premières après le renchérissement des prix sur le marché international. S'agissant de la TVA de 7%, M. Djebablia a souligné que la décision de suppression sera levée le mois d'août prochain. Pour que les éleveurs puissent souffler, il faudrait des palliatifs, d'après un éleveur. Les agriculteurs, qui ont investi dans la filière avicole, sont, d'après lui, confrontés à deux problèmes majeurs : la cherté de l'alimentation et les lourdeurs administratives bancaires. Ainsi, il faut attendre 6 mois pour pouvoir bénéficier du crédit Rfig. Les éleveurs, du moins ceux qui nous avons accostés lors de ce salon, attestent que la filière avicole ne peut se développer en l'absence de production locale de maïs et du soja. « Depuis que le prix du maïs a augmenté en 2007 pour atteindre aujourd'hui 3 ;200 DA/quintal, alors qu'il ne dépassait pas 1.200 DA en 2000, les éleveurs exercent difficilement leur activité », a indiqué M. Djebablia qui déplore le fait que les mesures de régulation au sein de la filière avicole font défaut. REDUIRE LE GASPILLAGE D'ALIMENTS POUR AMELIORER LA PERFORMANCE Les éleveurs, de leur côté, devraient améliorer leurs performances en réduisant notamment le gaspillage d'aliments et en veillant à la conformité des locaux d'élevage. Pour produire un kg de poulet, l'éleveur algérien utilise en moyenne 2,2 kg d'aliments contre 1,7 kg chez un producteur tunisien. Pour ce qui est du taux de mortalité, il se situe à 20% de l'effectif en Algérie contre 5% dans les autres pays de la région.