Nous avons été chaleureusement accueillis par Gérard Aïssa Ruot, responsable du village et représentant de SOS KINDERDORF International (association humanitaire internationale apolitique et non confessionnelle créée en Autriche) en Algérie, qui nous a invités à partager, avec les enfants, un repas composé d'un potage, d'un plat de spaghettis et d'un fruit. Le village abrite 200 enfants. Chacun a sa propre histoire. Sa présence sur les lieux est une conséquence directe des aléas de l'existence. « La vie est dure ! », a lancé un fonctionnaire. Certains d'entre eux ont été retrouvés abandonnés à leur naissance, les autres ont été maltraités ou séparés de leurs parents en raison d'une situation précaire. Le juge des mineurs leur a offert une seconde chance en les plaçant dans ce village. Ainsi, la cité leur offre la protection et la sécurité, deux avantages d'une importance capitale pour la croissance et l'évolution de l'enfant. A l'intérieur du jardin d'enfants, il faisait un temps clément alors qu'à l'extérieur la grêle tombait. Certains jouent tendrement avec la nourrice, d'autres font du coloriage pendant que les plus petits font la sieste. M. Ruot affirme que le jardin accueille les enfants du « village » et ceux qui viennent d'autres familles. « 30 % sont des enfants du village et 70% sont des enfants de l'extérieur », affirme-t-il. Pas de distinction entre eux, ils sont tous égaux et travaillent avec assiduité et passion. Dès l'arrivée de M. Ruot, les enfants du village sont aux anges et se précipitent vers leurs « père » ! En sortant du jardin, nous nous sommes dirigés vers l'une des 14 maisons familiales où résident des filles et des garçons dont l'âge est inférieur à 15 ans. En frappant à la porte, une mère SOS (à qui on donne le nom de Meriam) nous accueille avec un grand sourire. Nous sommes frappés par la propreté des lieux, l'organisation interne et l'ameublement. Elle nous fait visiter sa maison. Des chambres très propres et ordonnées, une cuisine, une salle à manger, des douches, des sanitaires et un salon. La maison est également équipée d'un grand téléviseur en couleur et d'un ordinateur. Neuf photos d'identité sont déposées sur une table au salon. « Voici mes enfants », dit Meriam. Cette quinquagénaire nous a fait part des conditions dans lesquelles elle vit avec ses enfants, dont sept d'entre eux sont scolarisés et deux autres vont à la crèche. « C'est un grand amour qui unit les frères et sœurs, un lien fraternel très touchant. L'harmonie règne au foyer et partout dans la maison. Al Hamdoulillah » dit-elle. Nous avons appris que, tout comme Meriam, ce sont les mères SOS. qui sont responsables du budget qu'elles doivent gérer entre les dépenses pour l'habillement, l'alimentation et celles du fonctionnement. « Je dois veiller sur mes enfants », a-t-elle souligné. Les mères SOS sont souvent assistées par des tantes. Elles se chargent du suivi des enfants dans leur cursus scolaire et les aident aussi dans la révision des cours. M. Ruot indique que ces enfant bénéficient également d'un programme d'activités culturelles comme les sorties et les excursions qui leurs permettent de changer d'air et de découvrir divers endroits du pays. AUTONOME À L'ÂGE DE 15 ANS En quittant la maison familiale, nous nous sommes dirigés vers l'un des six appartements encadrés. Ici, ce sont des personnes âgées entre 15 et 18 ans qui y logent. A cet âge là, la séparation est nécessaire. Les garçons partagent le toit avec d'autres garçons et les filles avec d'autres filles. Avec eux habitent des encadreurs. Ici, on apprend à l'enfant à se construire et à être autonome. Selon les explications d'un encadreur, on leur montre, petit à petit, le chemin vers l'indépendance et comment compter sur soi. C'est aussi un moyen de rester en sécurité. Les filles se prennent en charge tout comme dans de vrais foyers. Elles s'initient à la cuisine, préparent des mets et des gâteaux. Les garçons de plus de 18 ans bénéficient, quant à eux, d'un appartement loué par le village, à proximité de leur lieu d'études ou de travail. « Même en dehors du village, ce n'est pas fini pour eux. Il y a toujours un suivi de la part des responsables », indique M. Bouzahri Amine, responsable du département Recherche de fonds et recherche. Il affirme qu'ils bénéficient d'un suivi individuel et d'une assistance à long terme jusqu'à ce qu'ils s'intègrent définitivement dans la société. Si l'idée de la création du SOS village d'enfants de Draria a pu se concrétiser, c'est grâce à des hommes et des femmes conscients et de bonne foi. Le village s'est développé et a pu se maintenir grâce également à des hommes et des femmes d'un mental d'acier. Certes, il faut un village pour élever un enfant. Il faut aussi des enfants qui, une fois adultes, pourront ériger un village !