La crise financière mondiale était, hier, au centre des débats du forum du quotidien Liberté, animé par l'ancien gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer. Après un survol historique de la crise économique de 1929, « similaire à l'actuelle », pour reprendre le constat du conférencier, il affirme que les mêmes conditions ayant conduit à cette crise sont celles qui ont motivé la crise actuelle. Il s'agit, dit-il, du déséquilibre « constant » dans les trois pouvoirs : financier, industriel et pétrolier. Ce fait continue d'entraîner des fossés entre l'oligarchie et les couches défavorisées de la société puisque « la logique, dans le pouvoir financier, veut que, dans le fond, on n'a pas besoin de la classe moyenne », a-t-il soutenu. Citant les exemples de l'Espagne et la Grèce, touchées de plein fouet par la crise monétaire internationale, il affirme que les systèmes politiques dans ces pays ne sont pas représentatifs dans la société. Le même facteur du déséquilibre des trois pouvoirs en question a donné naissance, poursuit l'orateur, à la politique de l'« Eléphant blanc », à savoir « réaliser des investissements qui n'ont aucune utilité sur la société, mais on les fait pour les besoins du financement des banques », explique-t-il. Pour l'ancien gouverneur, le seul principe pouvant servir de bouclier contre la crise est l'anticipation, soit la projection à moyen et long terme. Il note, à ce propos, deux pays qui adoptent « minutieusement » cette règle : l'Allemagne et la Chine. « Les responsables de ces deux pays sont les seuls chefs d'Etat reçus en grande pompe, jusqu'ici, par le président Obama. Car, les USA savent pertinemment que ces deux pays ont la logique de coupure avec la politique monétaire actuelle. Aujourd'hui, le pouvoir est à celui qui maîtrise la monnaie ». Evoquant le cas de l'Algérie, M. Hadj Nacer admet l'émergence de la classe moyenne dans le pays. Cependant, ajoute-t-il, l'apparition, au début des années 1990, de l'idéologie wahabite a installé une sorte de conformisme empêchant toute initiative et liberté de penser. Pour contrer tout effet de crise, il plaide pour l'adoption du principe de l'anticipation. « Nous devons faire, tous les cinq ans, des projections sur quinze ans. Si on perd l'anticipation, on perdra la résistance », affirme-t-il. Abderrahmane Hadj Nacer ajoute deux facteurs, et non des moindres, pour faire face aux crises : libérer les esprits des idéologies et faire confiance à la population. « Il ne faut surtout pas s'attendre à ce que les solutions nous viennent de l'extérieur », a-t-il soutenu.