« Nous ne savons pas pourquoi ça tarde et combien ça va durer encore », a déclaré, hier, Mouloud Hédir, expert et consultant du FCE, à propos du processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans une conférence au forum d'El Moudjahid. Après 20 ans de longues négociations, « c'est (vraiment) absurde de se poser la question si c'est bon ou pas » (d'adhérer à l'OMC), ajoute celui qui a été déjà négociateur de l'accord de l'Algérie avec l'Union européenne. Pour lui, l'Algérie devra cependant « défendre sa politique commerciale, et la mettre en harmonie » pour mieux avancer et défendre ses intérêts. Il précise encore que l'Algérie a raté, par deux fois, cette adhésion, déjà du temps du GATT (Accord général sur le commerce et les tarifs) en 1987 et au jour de la création de l'OMC où « les conditions et règles étaient beaucoup plus simples et générales », d'autant plus qu'il fallait, pour la seconde occasion, « faire juste acte de candidature ». Elle a permis à plus de cent pays de faire leur entrée. Résultat, aujourd'hui, nous sommes, avec le onzième round, « le plus vieux négociateur » alors que « les pays qui ont entamé ce processus avec nous (35 à 40) en sont tous membres à part entière, telle la Chine ». On a l'impression que « ça tourne en rond et cette situation fait du tort à l'Algérie », ajoute M. Hédir. Pour l'expert algérien, le plus drôle, c'est que l'Algérie « applique les règles de l'OMC sans y être membre ». Les règles qui sont imposées à l'OMC sont déjà en place, sous l'effet du programme d'ajustement structurel du FMI. A titre d'exemple, depuis 1995, l'Algérie applique la règle chère à l'Organisation, celle de la non discrimination, dite « clause de la nation la plus favorisée », les tarifs douaniers ne sont pas élevés, les subventions ne touchent que le secteur agricole qui est traité à part par l'OMC. De plus, l'accord signé avec l'Union européenne en 2005, stipule que « ce sont les règles de l'OMC qui y sont applicables ». Ces arguments mettent à l'aise le conférencier pour appeler à rejoindre l'Organisation multilatérale où les pays défendent leurs intérêts et où « les règles sont négociées » et non imposées. « LES NEGOCIATIONS SONT PLUS SERREES » Aujourd'hui, il est vrai, « les négociations sont plus serrées », reconnaît-il, les pays candidats devant fournir « la preuve qu'ils appliquent certaines règles commerciales strictes ». Mais l'Algérie peut, comme l'a fait la Chine, défendre son point de vue « en refusant que son économie soit déstructurée par cette adhésion ». L'expert algérien, qui tire des enseignements de ses négociations avec l'UE, estime que l'Algérie devrait défendre ses « préoccupations », et propose ainsi quelques idées pour faire aboutir les négociations, notamment s'inspirer de l'exemple de pays comme le Venezuela dans le domaine de la fixation des prix de l'énergie, ne pas faire de distinction par ailleurs entre investissement et commerce (les deux sont inséparables pour l'OMC). L'Algérie fait, selon lui, des restrictions à l'investissement via la règle 51/49% alors qu'en parallèle, elle libéralise le commerce. Le même effort lui est demandé pour le traitement égal des marchandises et services.