Les 115 cardinaux électeurs, âgés de moins de 80 ans, sont entrés hier, en conclave. Ils doivent, à l'abri des regards et des pressions extérieures, procéder, suivant un protocole très réglementé, au premier vote du successeur de Benoît XVI, le premier pape en sept siècles à avoir démissionné. Ils ont, sous peine d'excommunication, « juré de garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement le scrutin », avant qu'un cardinal, le Français Jean-Louis Tauran, n'annonce « Habemus papam » et que l'un d'entre eux ne sorte de la Basilique Saint-Pierre avec une soutane blanche, c'est-à-dire élu 266e pape de l'Eglise catholique. Selon le rituel hérité du Moyen-Age, quatre scrutins sont prévus. Deux en matinée et autant, l'après-midi. Pour effacer toute trace, les bulletins seront brûlés en fin de journée. Selon les vaticanistes, ce conclave sera court. « Deux à quatre jours au maximum », disent-ils. Autrement dit, la fumée blanche - symbole de la désignation d'un nouveau souverain pontife - ne tardera pas à remplacer la fumée noire. La liste des papabili n'est pas aussi ouverte que celle de 2005. Une demi-douzaine de noms à peine. Jusqu'à hier, aucun n'avait les faveurs des pronostics. Même si la presse vaticane insiste sur l'Italien Angelo Scola, 72 ans, et accorde peu de chances aux autres candidats, le Canadien Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Scherer, l'Autrichien Joseph Schönborn, le Hongrois Peter Erdö, le Sud-Africain Wilfrid Napier et les Américains Timothy Dolan et Sean O'Malley. La raison ? Elle présente ces derniers comme des conservateurs, plus soucieux d'empêcher que la foi se dilue que d'engager des réformes de société. Dans les milieux spécialisés, on laisse entendre que le nouveau pape ne chômera pas. Il doit redorer l'image de l'Eglise ébranlée par les fuites dites « Vatileaks », les scandales sexuels et les spéculations sur un prétendu « lobby gay ». Fait remarquable, Benoît XVI sera le premier pape vivant à assister à l'élection de son successeur. Du haut de ses 85 ans, il suivra le processus de la résidence d'été des papes, à Castel Gandolfo, à une trentaine de kilomètres de la Ville éternelle.