Les 115 cardinaux électeurs entrent en conclave mardi, un événement suivi par des millions de fidèles dans le monde, pressés de connaître celui qui succèdera à Benoît XVI, premier pape en sept siècles à avoir démissionné. De bon matin -6H00 GMT-, les princes de l'Eglise emménageront dans la Maison Sainte Marthe, un ancien hospice où ils habiteront tant qu'ils n'auront pas élu le nouveau chef d'une Eglise d'1,2 milliard de fidèles. Puis ils suivront la messe +pro eligendo Pontifice+ (pour l'élection du pontife romain) qui sera célébrée le matin dans la basilique Saint-Pierre par le cardinal Angelo Sodano, doyen du Sacré Collège. A 16H30 (15H30 GMT), les cardinaux entreront en procession dans la Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange, accompagnés du chant de la litanie des saints. Chacun d'eux devra, la main posée sur l'Evangile, "jurer de garder le secret absolu sur tout ce qui concerne directement ou indirectement les votes et les scrutins pour l'élection du souverain pontife". Selon un rituel immuable et strict, hérité du Moyen-âge, les portes seront ensuite fermées "à clé" (d'où l'origine du nom de "Conclave"). Totalement coupés du monde, les cardinaux procèderont probablement au premier vote. Quatre scrutins sont prévus chaque jour, deux en matinée et deux l'après-midi. Tous les bulletins seront brûlés en fin de journée pour effacer toute trace de scrutins très secrets dont les cardinaux ne peuvent faire état, même longtemps après. Grâce à l'adjonction de fumigènes, s'échappera une fumée noire si aucun pape n'est élu, blanche en cas d'élection. Selon les vaticanistes, et sauf surprise, le conclave qui s'ouvre devrait être court, de deux à quatre jours au maximum. Sur les 115 cardinaux électeurs, qui ont tous été créés par Jean Paul II ou Benoît XVI, une dizaine étaient cités ces derniers jours comme des "papabili", autrement dit des "papes possibles". De l'Italien Angelo Scola au Canadien Marc Ouellet, du Brésilien Odilo Scherer à l'Autrichien Joseph Schönborn et au Hongrois Peter Erdö et aux Américains Timothy Dolan et Sean O'Malley, tous ont des ressemblances évidentes avec leurs mentors. Ils sont tous conservateurs, plus soucieux d'empêcher que la foi se dilue que d'engager des réformes de société, attendues par beaucoup, notamment en Occident. "Guidés par l'Esprit Saint", les cardinaux devront choisir parmi eux celui qui sera à même d'affronter la crise profonde que traverse la Curie romaine, le gouvernement de l'Eglise marqué par le récent scandale des fuites Vatileaks et par les spéculations sur un prétendu "lobby gay". Il devra aussi s'attaquer aux défis que sont la laïcisation des sociétés occidentales et les persécutions de chrétiens dans le monde. L'élection du 266ème pontife clôt un mois mouvementé, entamé le 11 février avec l'annonce surprise par Benoît XVI de sa démission à l'âge de 85 ans. Premier pape vivant à assister à l'élection de son successeur, Joseph Ratzinger suivra le processus de loin. Depuis le 28 février, le "pape émérite" s'est retiré dans la résidence d'été des papes, à Castel Gandolfo, à une trentaine de km de la Ville éternelle.