La directrice général du fonds monétaire international (FMI), Mme Christine Lagarde, est revenue, dans une deuxième conférence qu'elle a tenue, jeudi à Alger, en présence du gouverneur de la Banque d'Algérie et des cadres du secteur de la finance, des banques ainsi que des chefs d'entreprise, sur la robustesse de l'économie algérienne qui, dit-elle, « affiche des résultats que peu de pays, aujourd'hui, sont en mesure de réaliser ». Ces résultats sont « le fruit d'une gestion sage et prudente des ressources » face à la crise, même si, ajoute-t-elle plus loin, l'Algérie « reste encore dépendante des recettes des hydrocarbures ». Pour la DG du FMI, l'Algérie a su « éviter une certaine situation d'échec dans laquelle se sont retrouvés la plupart des pays pétroliers ». Mme Lagarde a, toutefois, insisté, lors de son intervention axée sur le thème de « La croissance et de la création d'emplois », pour que cette croissance soit « inclusive », c'est-à-dire qu'elle profite aussi aux catégories les plus fragiles de la population. Le FMI, c'est Mme Lagarde qui le dit, ne partage pas les prévisions des autorités monétaires du pays qui tablent sur une baisse de l'inflation à hauteur de 4%, estimant qu'il est préférable de la mettre à un point supérieur, c'est-à-dire à 5%. Mercredi, lors d'une conférence de presse à la résidence El Mithaq, elle avait pointé du doigt les deux défis majeurs de l'économie algérienne : la maîtrise de l'inflation, qui était, en 2012, à plus de 8,9%, et la résorption du chômage qui touche surtout les catégories des jeunes de moins 25 ans. Jeudi, c'est au tour des hausses des salaires et, surtout, des subventions, qu'elle demande à « rééquilibrer et réorienter », qu'ont porté les nouvelles recommandations de la représentante du FMI. Les hausses des salaires doivent « aller de pair avec un gain de productivité », explique-t-elle. En réalité, l'objectif recherché, c'est la maîtrise des dépenses de l'Etat, à travers des actions ciblées, un exercice difficile lorsqu'on sait que c'est le financement public qui tire la croissance. Mme Lagarde a puisé dans notre propre répertoire l'expression qu'il faut pour nous convaincre que « seul un partenariat public-privé pourrait consolider la croissance en Algérie » et la rendre durable. Quant à la question des subventions, c'est simple, le FMI voudrait que les sommes allouées sur le budget de l'Etat aillent vers des actions qui touchent réellement les couches défavorisées. Subventionner, par exemple, le carburant, l'énergie n'a pas de sens, parce que « cela fait profiter surtout ceux qui ont les moyens de payer », note-t-elle. Ce chapitre, à lui seul, « coûte à l'Etat 12% du Pib, c'est énorme », estime-t-elle. Beaucoup de moyens seraient, selon elle, épargnés si on optait pour « un ciblage de la subvention ». L'EXEMPLE DU CHILI Mme Lagarde, qui a défendu le principe de la concurrence, a saisi l'occasion pour plaider la cause du secteur privé, appelant les pouvoirs publics à « faciliter davantage l'environnement des affaires, l'accès au crédit, la débureaucratisation de l'acte d'investir, en allégeant les procédures de création d'entreprises... ». Elle a également appelé à l'ouverture sur la globalisation et à l'intégration suivant l'exemple du Chili qui est devenu de pays exportateur de matière première (le cuivre) à un pays qui exporte plusieurs produits dans l'agroalimentaire surtout. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Laksaci, a saisi l'occasion des débats pour faire quelques observations, notamment sur l'accès du privé national au crédit bancaire, qui « a évolué autour de 20% en moyenne sur la période de 2002 à 2012 », précise-t-il.