Du haut de ses 80 ans, il a encore cette séduction qui lui permet de drainer la foule avec beaucoup de panache et d'ardeur. Cette programmation de l'établissement Arts et Culture est un coup de cœur pour les nostalgiques d'Akli Yahiatene ravis de réécouter en live ses chansons à grand succès : « Tamurt Idhourar », « El Firak », « Ayakham », « Echah », « Zrigh Ezzine Dhi Michelet », « Tharement » et d'autres titres tous aussi à succès. Un pur moment de délice pour tous ceux qui aiment ce chanteur qui se permet le luxe de passer du kabyle à l'arabe avec notamment les chansons « Ya Moulet El Haïk » et « Yal Menfi » qui est une reprise d'un vieux chant kabyle chanté en arabe dialectal. Cette célèbre chanson raconte le vécu et la souffrance des émigrés algériens en France. Et pour couronner le tout, Da Akli fait sensation en arpentant la scène de bout en bout, micro à la main. Il chante et danse avec son public qui le lui rend bien. « Je suis très content pour ce public que j'embrasse très fort. Je l'aime comme il m'aime. Je chante en kabyle qui est ma langue maternelle, tout comme je chante en arabe algérien que je considère comme étant ma langue aussi. Je suis algérien et je suis kabyle ; je suis fier d'être les deux. Si je pouvais chanter en chinois, je n'aurai pas hésité à le faire aussi. C'est dire que toutes les langues sont belles et riches », déclare Akli Yahiatene en marge de son concert qui s'est déroulé à la salle Ibn Khaldoun. Interrogé sur le genre de chanteurs qu'il affectionne plus particulièrement, celui-ci affirme être marqué par plusieurs d'entre eux, à l'instar de Mohamed Abdelouahab, Oum Keltoum, Faïrouz, Farid El Atreche, Abdelaâziz Mahmoud, El Anka, Abderrahmane Aziz, El Hachemi Guerrouabi et d'autres. « Chaque musique et chaque composition a sa valeur. Il suffit d'écouter pour apprécier selon ses goûts et sensibilités », laisse-t-il entendre. Akli Yahiatene est un grand chanteur algérien d'expression kabyle. Il est né en 1933 à Ath-Mendes près de Boghni, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Dans les années 1950, il émigre en France et travaille dans les usines de Citroën comme manœuvre spécialisé et commence à fréquenter le Quartier Latin où il rencontre de nombreux artistes tels que Zerrouki Allaoua, Slimane Azem et Cheikh El Hasnaoui. Suspecté de collecter des fonds pour soutenir le Front de libération nationale, il est arrêté par la police puis emprisonné à plusieurs reprises. C'est d'ailleurs en prison qu'il compose de nombreuses chansons à succès comme « Yal Menfi ». Akli Yahiatene chante l'exil et l'amour du pays et compose plusieurs chansons qui connaissent un grand succès auprès du public comme « Ya Moudjarrab », « Jahagh Bezzaf d'amezian » et « Tamurt-iw ». Son répertoire très riche inspire pas mal de chanteurs algériens, à l'exemple de Rachid Taha qui reprend « Yal Menfi », une chanson qu'on ne se lasse pas d'écouter.