Dans le cadre des cafés littéraires initiés par l'ambassade d'Autriche en Algérie, une rencontre sur le thème de l'exil et des réfugiés s'est tenue, récemment, au siège de l'ambassade autrichienne. L'occasion de marquer le 08 mars, journée de la femme, à travers l'œuvre de Berta Zuckerkandl. Une juive autrichienne qui, sous le régime de Vichy (France), pendant la Seconde Guerre mondiale, a trouvé refuge en Algérie. En première partie, Ruth Pleyer, chercheuse et universitaire, a présenté au public le livre de Berta Zuckerkandl « Evasion ! De Bourges à Alger, l'été 1940 ». Elle a donné un aperçu sur le séjour de l'auteur et l'accueil qu'elle a reçu par les « musulmans d'Algérie ». Selon l'universitaire, Berta Zuckerkandl est « une dame qui a marqué l'histoire de l'Europe centrale et quelque part celle de l'Algérie ». Elle ajoutera que l'accueil réservé à cette exilée autrichienne à Alger « est un très bel exemple de l'hospitalité musulmane ». L'ambassadrice d'Autriche, Eloisia Wörgetter, s'adressant à l'assistance, a posé cette question pour ouvrir le débat : « Quelles sont les racines de cette hospitalité pour quelqu'un qui est dans le besoin ? » En interrogeant l'assistance, Mme Wörgetter a voulu mettre en exergue la place de l'hospitalité dans l'islam. M. Hamdani Smail, ancien premier ministre, a relevé, pour sa part, le comportement des juifs d'Algérie qui, malgré leur présence millénaire, n'ont pas hésité à trahir leurs frères musulmans, à la faveur du décret Crémieux, leur octroyant la nationalité française. Il a mis l'accent sur la place du judaïsme en islam : « Le judaïsme est la première religion monothéiste pour le musulman ». S'agissant de l'hospitalité offerte à Berta Zuckerkandl, M. Hamdani soutient que ce « c'est un geste humanitaire. C'est aussi parce que nous étions colonisés et que nous subissions une politique arbitraire, que Berta Zuckerkandl a été généreusement accueillie par les Algériens ». M. Laïchoubi Mohamed, ancien ministre du Travail, a, quant à lui, cité l'Emir Abdel Kader, qui, au plus fort du soulèvement algérien, était entouré de consuls juifs. Il rappellera, également, l'accueil des juifs dans les pays du Maghreb après avoir été chassés d'Andalousie, expulsés par Isabelle la Catholique. Le représentant du CICR (Comité international de la Croix-rouge, Bruce Biber, surnommé « l'Emir de Genève », a développé le concept de droit et de protection chez l'Emir Abdel Kader. « L'Emir a donné des instructions à ces troupes pour protéger les prisonniers. Tout combattant algérien, ayant malmené un prisonnier, était passible de punition de la part de l'Emir. » M. Biber a, également, précisé que « bien avant la codification du droit international humanitaire, l'Emir a prévu de ne pas faire dans les représailles. Comportement d'inspiration religieuse et coranique ». Monseigneur Ghaleb-bader, archevêque d'Alger, a, pour sa part, affirmé que « nous sommes tous en exil sur cette terre », cela sans omettre de parler de l'exil terrestre des êtres humains. Il conclura : « Je suis fier de dire que c'est l'Eglise qui, en Europe, défend les émigrés de toutes confessions ». M. Ralph, représentant du HCR (Haut commissariat des réfugiés) a rappelé les missions humanitaires de cette organisation qui, depuis 60 ans, apporte aide et soutien aux populations déplacées. Il relèvera que « plus de 50% des réfugiés, à travers le monde, se trouvent dans les pays musulmans ».