Pourquoi « Cabinet de curiosités », une expression qui ne court pas les rues, la désuétude ayant rattrapé ce qui est maintenant l'ancêtre des musées ? Pour expliquer la richesse et l'hétéroclisme des objets engrangés par les collectionneurs entichés d'objets rares et uniques. Il en est ainsi de Maître Samir Bechi qui a tout au long de sa vie d'adulte et bien avant collectionné de beaux objets d'arts et d'artisanat pratiquement issus de tous les continents. Mécène, philanthrope, Maître Bechi vient de faire une donation de toute sa collection pour qu'elle soit désormais comprise dans le patrimoine culturel algérien. Excellent guide, grand connaisseur, Maître Bechi explique chaque œuvre, chaque ouvrage, chaque textile, avec force détails et date à l'appui. Des chaises afghanes âgées de plusieurs siècles, à une défense de jeune mammouth en ivoire ciselé également séculaire, d'objets africains issus de différents pays dont une sculpture rituelle habillée de clous. Au fur et à mesure que la visite guidée se poursuit, on peut voir des objets en terre cuite de la civilisation précolombienne remontant à 2000 ans. Les jarres également en terre cuite et d'apparence bronze technique mise en œuvre par la dynastie Han, un bouddha dans toute sa sagesse millénaire regarde les visiteurs passer devant lui. De l'empire du Milieu ou la Chine sont exposés une série de miroirs, un cheval également en terre cuite de couleur rouge, dans toute sa superbe jeunesse qui a voyagé dans le temps, 200 ans avant JC. Les pièces de collection. De l'époque phénicienne, on peut admirer des statuettes, sortes de déesses ou de vierges. Textiles de Turquie, Ouzbékistan, Iran ou d'Algérie, tenue de princesse ottomane du XVIIe siècle ou celle d'un empereur chinois, l'exposition au MAMA vaut le détour pour toutes ces œuvres d'art et d'artisanat achetés avec toute cette passion de collectionneur émanant de Maître Bechi. Ce dernier, affable, disposé à donner des détails, de ses connaissances, étant le père de cette magnifique collection « ne peut recevoir les journalistes, il est trop pris par des représentants du gouvernement qui le sollicitent », selon un membre du personnel du MAMA. Tant pis pour les gens de la presse ! Nous ne le verrons pas mais saurons que Me Bechi est originaire de Biskra et que la vocation de collectionneur l'a gagné à l'école primaire, lorsqu'il a commencé en amateur à confectionner ses premières collections de timbres et de papillons. Une fois adulte, ses nombreux voyages à travers le monde lui ont donné l'occasion de chiner et d'acquérir des objets d'art. Une gigantesque collection qu'il lègue au patrimoine culturel national dont la valeur serait de 200 millions d'euros. L'évènement culturel durera jusqu'au mois d'avril. Après cette date, on parle d'une attribution d'objets à différents musées nationaux selon la vocation de chacun et le patrimoine culturel dont il a la charge.