Le collectionneur Salim Becha a fait don dimanche au ministère de la Culture d'une riche et exceptionnelle collection d'objets d'arts divers et brassant de nombreux pays et civilisations. Un acte notarié de donation a été signé entre le propriétaire de cette inestimable collection et la ministre de la culture Khalida Toumi au Musée d'art moderne et contemporain d'Alger (MaMa) où sont exposées des milliers de pièces, dont certaines sont uniques et remontant à des civilisations antiques. «Nous n'exigerons aucune compensation quelle que soit la valeur de ces objets», dira-t-il à la ministre à l'issue de cette signature. Par ce geste, Salim Becha, notaire de son état à Alger, a tenu à «mettre à la disposition du public algérien» le fruit de vingt années de rassemblement d'objets et de pièces, dont la plus ancienne, une statue chinoise datant de 20 siècles. De la céramique, des manuscrits anciens (astronomie et Coran), des objets de la période lithique, de la tapisserie (d'Algérie, d'Iran, etc.), des pièces de monnaie anciennes (plus de 4 000 en bronze et 50 en or) font partie de cette inépuisable collection. De même que des masques, des médaillons, des boucliers, des épées et autres pistolets plus ou moins récents, des statues et statuettes en bronze. Des tableaux de peinture (dont des Picasso, Masson, Issiakhem, Ziani) de la calligraphie (Racim, Baharzadeh, etc) ainsi que de la miniature (dont Kerbouche) composent également cette rare compilation muséale, baptisée «dar el adjaib» (maison des merveilles). Des pièces uniques attirent particulièrement l'attention : une défense de bébé mammouth, un cheval de terre cuite datant de plus de 200 ans, une tenue d'empereur chinois finement brodée, une tenue de princesse ottomane, un sceau en jade surmonté d'une sculpture de dragon, fragment d'une frasque égyptienne ou encore un acte de mariage sur bois issu du Maghreb. Des manuscrits signés de Victor Hugo, Napoléon et Simone de Beauvoir font en outre la valeur de cette collection Autant d'articles qui devront prendre dans un mois le chemin des différents musées de la capitale en fonction de la spécialité de chacun d'eux pour y être montrés au grand public. D'ici là, les amateurs d'œuvres d'art et d'antiquités pourront visiter cette véritable caverne d'Ali Baba au niveau du MaMa où sont rassemblés environ 70% de l'ensemble de la collection de Salim Becha qui atteste de l'authenticité de toutes les piéces. Il se dit particulièrement fier d'avoir réuni 370 tapis de Chachar (Khenchela), un héritage artisanal en «voie de disparition», tient-il à souligner. «J'ai commencé à collectionner depuis que j'étais en secondaire à Biskra en échangeant avec d'autres élèves des timbres contre des papillons. Depuis, j'achète ce qui me plait, des fois il s'avère que ce sont des piéces importantes, d'autres fois ce n'est pas le cas», indique-t-il dans une déclaration à l'APS avant de préciser que ses principaux revendeurs sont essentiellement des antiquaires suisses, de même que des Français et Libanais. L'un des fournisseurs de Becha, le suisse Gisling Pierre parle d'une relation d'amitié entretenue depuis cinq ans et ne cache pas son admiration devant le «geste exemplaire et extraordinaire» de ce collectionneur atypique et généreux. Le féru de l'art ne compte pas s'arrêter là puisqu'il envisage d'entamer une nouvelle collection qu'il souhaite céder également à l'Etat «d'ici vingt ans». Il envisage en outre de consacrer à l'avenir une aile du Musée national des antiquités d'Alger à une collection exclusivement asiatique.