Une ambiance particulière caractérise les petits snacks spécialisés dans la préparation de sardines épicées ou dans la rôtisserie ou encore dans la pizza et autres sandwichs. Il est impossible de trouver une place dans ces espaces de restauration rapide dès 10 heures. A midi, le nombre de clients est systématiquement revu à la hausse. De même chez les revendeurs de m'hadjeb, bourek, calientica. Les consommateurs qui fréquentent ces lieux sont-ils conscients du danger qui les guette sur les plans sanitaire et alimentaire ? Et qu'en est-il des conséquences des fritures répétitives dans des ustensiles non conformes aux normes ? L'on sait, en effet, que beaucoup de restaurateurs utilisent des ustensiles de cuisson nuisibles à la santé. Ils utilisent des marmites en aluminium alors qu'elles doivent être en inox ou en fonte. Pire, quand ces derniers utilisent la même huile plus d'une dizaine de fois dans ces mêmes récipients. Cela peut être « cancérigène ». Un petit tour chez un restaurateur à la rue Tanger connue pour ses nombreuses gargotes. Son commerce est très sollicité. Ils viennent de partout déguster un plat de sardines épicées ou de poulet rôti accompagné de pommes de terre frites. Dans sa cuisine, la vapeur empêche de voir ce qu'il y a sur la table de travail. Ça mijote et ça chauffe. La grande marmite qu'il utilise pour la cuisson date de plus de six ans. Son socle est aussi noir que le charbon. Certains des ustensiles utilisés sont rouillés. « Les consommateurs ne risquent rien », dira-t-il. Comme un spécialiste, il tente d'expliquer que le contact des aliments avec le feu tue les microbes. Et pourtant, la rouille et la fumée dégagée des récipients ne sont pas sans danger. Pour sa part, un autre restaurateur, avoue réutiliser l'huile de friture plusieurs fois. « Pour les frites, j'utilise l'huile 9 fois et je la purifie à chaque utilisation », a-t-il avoué. Un usage qui n'est pas du tout conforme aux normes, étant donné que l'huile de friture ne doit pas dépasser 4 à 5 fois pour les pommes de terre seulement. Si l'huile est utilisée plusieurs fois de suite et pour plusieurs usages, là elle se détériore parce que des substances de dégradation se forment et libèrent des composés toxiques et potentiellement cancérigènes. Il y a, au fait, deux indices qui démontrent qu'une huile usagée est dangereuse : c'est une huile qui fume à chaud et une huile qui « mousse ». Les modes de préparation culinaire au niveau des points de restauration laissent fortement à désirer et la majorité des cuisiniers au niveau de la plupart des fast-foods ajoutent une quantité importante de graisse dans leurs plats et viandes pour plus de rentabilité. LES CONSOMMATEURS N'ONT PAS LE CHOIX De leur côté, les consommateurs se disent conscients des dangers d'une telle alimentation. Farida, fonctionnaire, prend quotidiennement son repas de midi à l'extérieur. Sandwichs, fritures sont ses principaux aliments. Ça lui arrive même de déguster un plat de haricots à la hâte dans un restaurant de fortune. « Je trouve ça très bon », dira-t-elle. Cette dame se dit consciente et au courant du mode de préparation dans les restaurants mais la gourmandise est plus forte. « Je ne peux pas m'abstenir », a-t-elle précisé. Elève au lycée Emir Abdelkader de Bab El Oued, Nassim ne peut pas se rentrer chez lui à midi. Alors, il déjeune dans un fast-food à la rue Bab Azoune. Son repas quotidien est composé de frites et une omelette. « Je n'ai pas le choix », dira-t-il. Victime d'une intoxication alimentaire, Sabeha, fonctionnaire, ramène depuis quelques années sa gamelle au boulot. « La malbouffe, le gras et le manque d'hygiène dans les restaurants ont failli me coûter la vie », a-t-elle raconté. Et d'ajouter : « Depuis, je ramène ce qui me reste de la veille. C'est fait maison et je sais ce que je mange ». En effet, la consommation fréquente d'aliments trop caloriques se répercute négativement sur l'organisme. Il est aisé de constater que les Algériens mangent de façon répétée les mêmes mauvais aliments (sucre, gras, fritures...) et ne varient pas leur alimentation, ce qui provoque sur le long terme des dégâts sur leur santé. Les contraintes de la vie, le rythme accéléré et soutenu au quotidien engendrent ce déséquilibre.