Cette hausse « vertigineuse » intrigue les habitués des musées, mais pas les commis de l'Etat. Pour M. Azzedine Antri, directeur du Bastion 23, palais des Raïs, il faut voir le bon côté des choses. « Cet arrêté interministériel profitera aux trois-quarts de la population car l'entrée aux musées publics nationaux et centres d'interprétation à caractère muséal reste gratuite pour les personnes âgées de moins de 16 ans ou de plus de 65 ans, les handicapés et leurs accompagnateurs, les appelés du service national et les demandeurs d'emploi », note-t-il. Mais le public perçoit cette augmentation comme une mesure inadéquate. Pour les quelques amoureux des musées, il aurait été plus judicieux d'instaurer carrément la gratuité d'entrée afin d'augmenter la fréquentation en levant un frein financier. Car pour eux, ouvrir les musées et les monuments à tous, c'est en quelque sorte réduire les inégalités sociales et faire connaître l'histoire. Ils suggèrent aussi d'élargir les plages de gratuité, d'instaurer des prix adaptés à chaque segment du public avec des mesures de gratuité catégorielles pour les jeunes, les élèves, les personnes âgées et à faibles ressources économiques. De la même façon, pour fidéliser les visiteurs, ils déclarent préférer les cartes forfaitaires à la gratuité permanente. L'attirance des publics pour les musées et les monuments suppose la mise en œuvre des techniques qui permettent de faire de la visite une expérience. Or les visiteurs expliquent que s'ils vont de moins en moins aux musées, c'est parce que souvent ces lieux ne sont pas « animés » et devraient être plus vivants en acceptant qu'ils s'inscrivent aussi dans le champ des loisirs. Pour les responsables, directeurs de musées, la gratuité de l'accès aux musées crée des problèmes de gestion des flux et le service perd de sa qualité en raison d'un surcroît de travail du personnel. « Le musée de Cherchell est devenu récemment un musée national. Ce joyau du patrimoine culturel et historique exécutera, comme tous les musées cet arrêté interministériel », indique sa directrice, Mme Aïcha Hioun. Même son de cloche au département de la communication du musée d'art moderne d'Alger (MAMA). « De toute façon, nous n'avons pas le choix, on exécutera, comme tout le monde, cette décision dont profitera certainement notre domaine. » Au Palais des Raïs (Bastion 23), des jeunes en quête de découverte et d'évasion s'affairent à disserter autour de divers sujets dont l'augmentation de l'accès aux musées. Pour eux, « fréquenter les musées est très important vu que c'est une nouvelle culture pour nous, histoire de fuir aussi la routine ». Certaines familles profitent pleinement, à longueur de journée, de la fraîcheur des fresques exposées dans ces musées, avant de regagner complètement requinquées leurs domiciles.