Comment vous est venue l'idée d'écrire « Sauvons nos salles de cinéma » ? L'idée d'écrire « Sauvons nos salles de cinéma » a fait « tilt » dans ma tête lors d'une projection d'un film en plein air sur l'esplanade de la Grande-Poste d'Alger. C'était lors d'un « début de soirée » du Ramadhan un 21 novembre 2003. En effet, « Cette soirée-là », il y avait foule sur le jardinet, venue y assister au cinéma dit d'ordinaire, « tâa el hite » (Projection en plein air) qu'organisait le Centre de distribution cinématographique, le CDC, de l'ami Semiane. Au programme, l'indétrônable « Les vacances de l'inspecteur Tahar » ! Alors, et en attendant le générique, les haut-parleurs perchés sur le poussif camion de marque Sonacome diffusaient une qacida châabi d'Amar Ezzahi pendant qu'à l'intérieur de la cabine s'affairait une équipe de techniciens afin d'y offrir un bouquet de bonheur à une foule de jeunes croulants et de moins jeunes, venus pour y... « tuer » le temps jusqu'au s'hour. L'esplanade de la Grande-Poste s'illumina du beau soleil du littoral d'Alger. Mieux et comme dans le roman de Françoise Sagan « Un peu de soleil dans l'eau froide », le thème musical et rythmé du regretté Ahmed Mallek a égayé, sinon réchauffé la foule. Pendant ce temps, et au-delà de l'avenue Pasteur, l'avenue Larbi-Ben-M'hidi paraissait bien sombre. Et pour cause, les enseignes des salles de cinéma le « Lux », le « Midi-Minuit » le « Régent », le « Casino », l'« Olympia », le « Monaco », le « Marivaux » et le « Dounyazad » n'éclairent plus cette avenue. Et, dès le lendemain, je me suis astreint à attirer l'attention de l'autorité par le biais d'une dépêche publiée à El Watan et qui s'intitulait « L'inspecteur Tahar sous la pluie ». Il y en a eu d'autres ? C'était la première d'une série de dépêches qui en appelèrent d'autres, notamment « La dégradation des salles de cinéma d'Alger – La dernière séance », « C'était l'ultime matinée à Bab-El-Oued », « Les salles de cinéma d'Alger-Centre – Une renaissance en dents de scie », « Belcourt, son football et ses salles de cinéma » pour ne citer que ces dépêches parues dans la presse. Au-delà du S.O.S. votre livre se veut également un récit de ce qu'était l'Alger d'autrefois... Bien entendu qu'avant qu'il ne soit un S.O.S lancé au beylik, « Sauvons nos salles de cinéma » se veut avant tout un livre récit pour narrer ce qu'était jadis la splendeur du patrimoine cinématographique de Bled Sidi Abderrahmane. Particulièrement cette envie d' aller au cinéma de quartiers le jour où l'élève n'avait pas classe. Le but ? C'est de « rallumer » également une enfilade d'enseignes devenues borgnes par la force de l'abandon. D'ailleurs, il n'est pas seulement question que d'Alger, étant donné que j'énumère dans ma narration, ce qu'étaient aussi les salles de cinéma d'Oran et de Constantine que j'ai eu le bonheur de fréquenter dans ma jeunesse. Est-ce à dire que nos salles de cinéma ont pratiquement disparu du panorama de la capitale ? Pas si sûr étant donné qu'il y a, en vérité, une volonté d'aller à la reconquête d'un legs cinématographique. Pour s'en convaincre, la ministre de la Culture croit dur comme fer à la faisabilité de la chose, à savoir la récupération de nos salles de cinéma.